mercredi 28 mars 2007

In English too!

Une très gentille commentatrice, la mystérieuse A. a pris l'initiative de traduire mes billets sur son blog pour le rendre accessible aux anglophones.
Je profite de ce billet, chère A. pour te dire: "thank you very much for what you are doing and for your encouragements. Thanks a lot."
Vous pouvez accéder au blog de A., A Changing Life, en cliquant ici. Il est aussi dans ma blogosphère (à droite).
La traduction en anglais de mes billets est accessible en cliquant .

lundi 26 mars 2007

Déjeuner en famille

Ce week-end, j'ai déjeuné avec toute ma famille chez mes parents.
J'ai beaucoup de mal à faire un compte-rendu de mes émotions et sentiments à l'égard de ce déjeuner parce qu'il m'a paru irréel (comme mon quotidien en ce moment, d'ailleurs). Je n'ai pas de meilleur mot: j'ai eu l'impression qu'il était irréel, comme "en décalage" avec la réalité.

Bien entendu, j'ai eu de l'appréhension le matin. Bien entendu, j'étais un peu tendue au début du repas. Mais si les choses se sont détendues au fur et à mesure du déjeuner et des papotages sur tout et rien, j'avais la curieuse sensation de ne pas reconnaître ma relation à mes parents. Que ce soit mon père ou ma mère, j'avais l'impression de ne pas les avoir vus depuis très longtemps, de ne plus les connaître. Peut-être ai-je aperçu à quel point nous ne sommes pas intimes?

Je voyais mon père en grande discussion avec ma soeur, ma mère qui échangeait des recettes avec ma cousine, mes beaux-frères qui rigolaient dans un coin avec mon homme. Et moi, je me sentais bien (je n’avais pas peur), mais étrangère à ma famille. C'était vraiment étrange.

Je n'ai pas évoqué mon opération, ni avec ma mère, ni avec ma soeur. Pourtant, j’ai pensé plusieurs fois la semaine dernière à leur en parler à cette occasion, de vive voix et les yeux dans les yeux. Mais là, ça me paraissait incongru, je n'en voyais plus l'intérêt (je ne le vois toujours pas d'ailleurs).

Je me suis toujours sentie "décalée" par rapport à ma famille, mais là, c'était flagrant à quel point je ne suis pas proche d'eux. Je me demande comment ça se fait. Est-ce que ça vient uniquement de moi? Pourquoi ma soeur est-elle si intime avec eux (en tout cas, elle le paraît) alors qu'il y a cet espèce de mur transparent entre eux et moi, mur qui empêche toute discussion profonde? Est-ce que c'est trop tard pour mettre en place une relation différente? En ai-je seulement envie? Je ne sais pas. Je suis un peu perdue, là, il faut dire.

Lorsque mes parents tentent de se rapprocher de moi en prenant de mes nouvelles, en s'intéressant à ma vie, j'esquive, je papote mais je ne leur parle pas de ce qui me tient à coeur, comme s'ils ne pourraient pas comprendre. Comme si ça ne servait à rien.Je ne peux pas me découvrir, me livrer à eux. C'est fou comme je ne leur fais pas confiance, au fond.

C’est bizarre, ce truc cassé entre nous. Il a toujours été là, je le sais bien, et pourtant j’ai eu la sensation de le découvrir, samedi.

lundi 19 mars 2007

Bouteille à la mer

A toi qui te promène sur ce blog,
A toi qui a suivi avant moi ce chemin,
A toi qui a été opérée,

Je voudrais te demander:
- As-tu eu très mal après l'opération?

- Ta famille était-elle au courant que tu allais te faire opérer? En parles-tu avec elle?
- As-tu l'impression d'être arrivée au bout de ton chemin? As-tu mis ton excision derrière toi?
- Qu'est-ce qui a changé dans ta manière de te percevoir après l'opération?
- T'es-tu sentie plus épanouie? Concrètement, qu'est-ce que ça signifie pour toi?
- Ton rapport aux hommes a t'il changé? Et ton rapport aux femmes?
- L'opération a t'elle eu un impact sur ta libido? Je veux dire, as-tu plus envie de faire l'amour?
- Est-ce que l'amour après l'opération est vraiment différent d'avant?
- Est-ce que tu es déçue sur certains aspects? Je veux dire, avais-tu des espoirs qui n'ont pas été comblés par le fait de te faire opérer?

D'avance, je te remercie beaucoup pour tes réponses et je te souhaite un très agréable chemin de vie.

dimanche 18 mars 2007

Groupe de thérapie

J'ai passé un excellent samedi. Pourtant, ce n'était pas gagné: j'ai dû me lever tôt pour aller à ma séance mensuelle de groupe de thérapie et je n'avais absolument pas envie de m'y rendre et de passer la journée à écouter les autres progresser en restant mutique sur ce qui m'arrive.

Le problème c'était que soit je parlais de mon excision au groupe et alors je pourrais travailler sur les questions qui me turlupinent en ce moment et qui s'y rapportent (comme par exemple cette incapacité à me réjouir longtemps ou cette certitude que ma vie ne sera qu'une succession d'obstacles à franchir), soit je n'en parlais pas, ce qui m'épargnerait d'avoir à parler de quelque chose de difficile et d'intime mais alors, mon travail serait faussé puisque la base de mes angoisses ne serait pas connue.

Je savais que je ne pouvais pas ne pas leur en parler. D'abord pour moi, par respect pour moi et pour pouvoir continuer ma thérapie de groupe. Et ensuite pour eux, à qui j'ai dit en Janvier qu'il m'était arrivé quelque chose de terrible étant petite. Ce n'était pas juste de ne pas leur dire de quoi il s'agissait et de les laisser imaginer tout et n'importe quoi.

Seulement, je ne savais pas comment aborder le sujet, comment le leur dire. Jusqu'au moment où j'ai pris la parole, je n'avais toujours pas décidé si j'allais leur en parler. D'autant que tout le groupe n'était pas là (il manquait 3 personnes) et que bon, tant qu'à me jeter à l'eau, autant que ce soit une seule et unique fois.

Et puis j'ai ouvert la bouche. Et malgré ma peur, malgré mon indécision, je leur ai raconté tout ce qui s'est passé depuis la séance de Janvier. Les mots me venaient simplement et même si je me suis sentie au bord des larmes à plusieurs reprises, je n'ai pas eu à me forcer pour leur parler.
Je n'ai pas eu honte du tout. Je ne me suis pas sentie gênée non plus. Je les ai tous regardés dans les yeux, l'un après l'autre. Je trouve ça fou parce que ça n'a pas été difficile pour moi.Ca m'a fait un bien! J'étais super contente, vraiment ravie et je le leur ai dit.
Ils ont paru émus et m'ont remerciée de la confiance que je leur avais accordée. Certains m'ont dit qu'ils penseraient à moi le 16 Mai et qu'ils étaient sûrs que tout se passerait très bien pour moi.

Je suis très fière de ce que j’ai fait samedi.
Je suis fière de moi et je crois, à l'heure où j'écris ces lignes, que samedi, en parlant de mon excision et de ma future opération, je me suis un petit peu pardonnée d'avoir été excisée.

jeudi 15 mars 2007

Le jour où je n'aurai plus besoin d'armure

J'ai noté ces derniers temps que ma peur a reflué.
Je n'ai plus peur que le docteur Foldès meure. Ou plutôt, je suis "fataliste" et j'ai décidé de ne pas m'en faire inutilement. On verra bien s'il est en vie le 16 Mai, sinon, j'aviserai.
Je n'ai plus peur de l'opération elle-même. Je la trouve fondamentale et la question de savoir si elle va changer quelque chose à ma vie ou pas me paraît nulle et non avenue parce que je suis persuadée que oui, elle va changer ma vie. Comment et à quel point, je ne sais pas mais de manière bénéfique pour moi, ça j'en suis persuadée.
Déjà, rien que la préparation de l'opération a été bénéfique. J'ai arrêté de fumer. Mais il y a quelque chose de plus important: je suis plus respectueuse et douce envers moi-même. Pas toujours, mais de plus en plus. Je fais plus attention à mes états d'âme mais je ne les juge pas. J'ai la curieuse impression d'être plus "intime avec moi-même" que je ne l'ai jamais été, de vivre un peu plus à mon rythme.
En même temps, j'ai conscience que je m'empêche de me réjouir longtemps, comme si ça pouvait me porter malheur. Comme si j'étais affligée d'une malédiction perverse consistant à transformer une potentielle source de bonheur en malheur. Pour l'instant, je n'ai trouvé, comme moyen de me prémunir de cette malédiction, que le fait de minimiser l'allégresse que j'éprouve et de m'exhorter à ne pas me reposer sur les lauriers du soulagement et de l'espoir. Je garde mon armure et mes armes, parce que je suis sûre qu'il me faudra affronter de nouveaux malheurs, encore et encore.
C'est dommage de gâcher ma joie par une vigilance et une inquiétude de tous les instants. C'est dommage de me maintenir dans la peur. J'ai la nette sensation de passer à côté de l'essence même de la vie. Et je voudrais me débarrasser de cette certitude que, en ce qui me concerne, "toute bonne chose se paie d'une façon ou d'une autre". Cette certitude me fait d'autant plus de mal que j'ai l'impression qu'elle ne vaut que pour moi, pas pour les autres.
Le jour où j'y arriverai, cela signifiera que j'aurai récupéré une partie très importante de moi qui me fut ôtée en même temps que mon clitoris: la possibilité de croire en un avenir radieux pour moi. La possibilité de croire qu'il peut m'arriver de bonnes choses sans que j'aie à sacrifier quoi que ce soit en échange. Oui, ce jour-là, je pourrai enfin déposer les armes et cesser de combattre l'ombre que mon excision a jetée sur ma vie. Ce jour-là, j'aurai vaincu mon excision.

lundi 12 mars 2007

Ma mère au téléphone

Depuis la consultation, je n’avais pas envie de parler à mes parents. Je n’arrive pas à analyser mes sentiments mais je ne voulais pas leur parler. Pendant deux semaines, je les ai évités. Mon père m’a appelée au travail mais j’ai écourté la conversation. En fait, ça me faisait bizarre de dire « je vais bien…. Non, pas grand-chose de neuf…Et toi ? » alors que je vis des bouleversements importants en ce moment. Pourtant, je n’ai pas envie de leur parler de mon opération, de me confier à eux. Mais je n’ai pas non plus envie de leur mentir. Dilemme. Hier après-midi, j’ai appelé ma mère. Il fallait qu'on parle d'un déjeuner de famille qui va avoir lieu dans 2 semaines. Et j’ai trouvé la conversation agréable. En fait, je me suis sentie à une autre position, comme si j’étais son égale quelque part et non plus sa petite fille. Je me suis sentie adulte et je n’ai pas menti. Je n’ai pas parlé de mon opération mais je n’ai pas non plus prétendu qu’il ne se passait rien dans ma vie. J'ai eu la curieuse impression de pouvoir parler librement, sans marcher sur des oeufs. Et parler de choses légères ("mais n'y aura t'il pas trop à manger?") m'a fait du bien.
Ce qui est curieux, c’est que j’ai le sentiment que c’est de mon père que je suis le plus éloignée en ce moment. Je crois que mes sentiments en ce qui le concerne sont trop confus encore.
On verra bien ce que ça me fera de les voir tous les deux dans deux semaines.

vendredi 9 mars 2007

Désenfumage

J’ai arrêté de fumer jeudi 8 mars 2007. Il est important d’arrêter de fumer 6 à 8 semaines avant l’opération. Lorsqu’on se fait opérer, fumer augmente le risque de complications générales et chirurgicales (entre autres, des complications au niveau de la cicatrisation). Un arrêt du tabagisme 6/8 semaines avant l’intervention entraîne la disparition du risque de complication opératoire due au tabac. Là, j’aurai arrêté plus de 8 semaines avant.
Je suis patchée et malgré le tabagisme de mon homme, je me sens bien. En plus de me rendre mon clitoris, cette opération va me permettre de quitter les chaînes du tabac. Youpi !
Par le passé, j’ai essayé plusieurs fois d’arrêter mais j’ai replongé à chaque fois. Cette fois-ci, j’ai la meilleure raison du monde. Je pensais me sentir anxieuse mais au contraire, je me sens sereine et de bonne humeur. La vie est belle !

mardi 6 mars 2007

Ma mère

Ma cousine et mon meilleur ami m’ont demandé si j’allais parler de mon opération à mes parents. Pour le moment, ce n’est pas à l’ordre du jour pour moi. Je ne crois pas que je vais leur en parler avant l’opération. Je n’en ai pas envie et je n’en ai pas la force. Je ne sais même pas si un jour j’aborderai le sujet avec eux ni sous quel angle.
Lorsque j’ai pris la décision de me faire opérer, j’ai eu très envie d’en parler à ma mère. Un jour, sur une impulsion, je l’ai même appelée dans ce but. Mais je n’ai finalement pas abordé le sujet. Je ne savais pas quoi lui dire exactement. Je ne veux pas vraiment lui demander des comptes. Que pourrait-elle me dire qui me fasse du bien ? Qu’elle l’a fait pour moi, pour que je trouve un mari ? Qu’elle l’a fait pour être acceptée par sa belle-mère ? Que c’est comme ça dans notre culture ?
Elle est très attachée au « qu’en dira t’on » et elle s’accroche aux traditions tant qu’elle peut.
Je me fiche de ses raisons, au fond. La question du pourquoi ne m’intéresse pas. Je préfèrerais qu’elle me raconte ce qui s’est passé, ce dont je ne me souviens pas. J’aimerais aussi qu’elle me parle d’elle en tant que femme. Qu’elle m’explique ce qu’a été sa vie, ses rêves, ses espoirs. Ce qu’elle a ressenti en se mariant, en ayant des enfants. Je ne connais pas beaucoup ma mère. Je me demande par exemple si ma mère a été excisée… Et je réalise que je n’ai aucune certitude. Je pense que oui, mais au fond, je n’en sais rien. Elle parle très peu d’elle-même. Elle parle très peu de choses intimes d’ailleurs. C’est si difficile de lui parler. Quand un sujet la met mal à l’aise, elle se ferme, ne parle plus et quitte la pièce. Elle ne revient jamais dessus. Quelques minutes plus tard, elle vient me voir à propos de tout autre chose, comme si de rien n’était. Elle est au courant que je suis en thérapie mais elle ne m’en parle jamais. Comment pourrais-je partager ce que j’éprouve en ce moment avec elle ?
Je lui en veux de n’avoir rien espéré de mieux pour moi, de n’avoir pas cherché à me soustraire à une pratique qui l’a fait souffrir elle-même, de s’être contentée de suivre la tradition. Je me demande comment elle m’aime au juste (parce qu’elle dit m’aimer, elle dit que je suis sa fille préférée). Je ne comprends pas. Et pourtant, je n’arrive pas à ressentir de la colère contre elle. Juste beaucoup de tristesse pour moi.
Je manque cruellement d’éléments de féminité venant de ma mère. La féminité de ma mère, je ne l’ai jamais perçue. Je ne l’ai jamais vu séduisante ou enjôleuse avec mon père. Ma mère me semble être une épouse et une mère avant d’être une femme.
Comment puis-je alors me construire une féminité si je ne peux m’appuyer sur son exemple ? Encore quelque chose que j’essaie d’apprendre toute seule.
Et c’est ce genre de chose qui me décourage. Apprendre toute seule, naviguer dans ma vie sans l’appui de ma mère.
Je voudrais qu’elle vienne vers moi, qu’elle s’intéresse à moi sans prendre tout ce qui nous différencie comme une critique de ce qu’elle est. Je voudrais qu’elle m’épaule, qu’elle m’encourage, qu’elle soit là pour moi. Sans que je le lui demande. Je suis fatiguée de lui faire signe. Je suis fatiguée et je me sens isolée.

samedi 3 mars 2007

La consultation

Hier, j'ai ouvert les yeux dans le noir à 6h27. J'ai eu du mal à m'endormir et je me suis réveillée plusieurs fois durant la nuit mais je me sentais bien réveillée. J'avais peur et hâte en même temps.
Le 02 Mars 2007 m'a paru d'emblée être un jour important. Peut-être même était-ce l'un des jours les plus importants de ma vie. Alors j'ai expliqué à mon corps ce qu'on allait lui faire, je lui ai expliqué qu'on allait l'examiner et me dire si on pouvait le reconstituer, lui rendre ce qu'on lui a arraché un jour, quand j'avais 4 ans.
J'ai fumé une cigarette dehors, mais ça ne m'a pas calmée. J'avais le coeur qui battait très très vite.
A 7h05, j'étais prête. Mon homme m'a demandé, du fond du lit et d'une voix pâteuse, de l'appeler après le rendez-vous. Ca m'a un peu rassurée, ça a estompé un peu de cette sensation de solitude que j'éprouvais.
A 7h14, j'étais dans le métro. Je suis arrivée à Saint Germain en Laye très à l'avance, mais je ne voulais surtout pas arriver en retard et rater mon rendez-vous (on m'avait prévenue, lorsque j'ai pris le rendez-vous, de ne pas être en retard, le docteur étant débordé et ne pouvant m'attendre).
Dans la salle d'attente, j'avais les jambes engourdies par l'appréhension. Quand il est arrivé, j'ai été saisie et intimidée. J'ai suivi dans son bureau cet homme grand à la voix douce et au regard bleu.
Il a commencé par me poser des questions:
- Pourquoi étais-je là?
- A quel âge et où avais-je été excisée?
- Quel âge ai-je maintenant?
- Ai-je des enfants?
- Est-ce que je fume?
- Est-ce que je prends des médicaments?
- Est-ce que j'ai déjà été opérée?
- Est-ce que la cicatrice me fait mal lors de mes rapports? A quel point?
Puis il m'a examinée et m'a expliqué que j'avais subi une ablation du clitoris et une blessure des petites lèvres. Il m'a dit que mes petites lèvres n'avaient pas été blessées à dessein (comme c'est le cas dans une excision pharaonique) mais du fait de mon anatomie à 4 ans (le geste a été approximatif, imprécis). En cicatrisant, elles se sont soudées l'une à l'autre et le clitoris s’est positionné à un endroit autre que sa place normale. Ma vulve est figée, moins élastique qu’elle ne devrait, du fait de la cicatrice, ce qui pourrait me causer des problèmes en cas d’accouchement.
"On peut tout à fait effectuer une réparation".Quand il a dit ça, mon coeur a bondi dans ma poitrine et quelque chose s'est comme dilaté dans ma cage thoracique, comme une fleur qui éclôt. Mon Dieu que ça m’a fait du bien de l’entendre cette phrase !
De retour à son bureau, il m’a expliqué qu’il allait enlever le tissu cicatriciel, séparer et reconstituer les petites lèvres puis dégager le clitoris.
Il m’a aussi proposé de participer à un protocole expérimental d’amélioration de l’aspect de mes petites lèvres au moyen d'un produit qu’on y injecte et qui se résorbe en 18 mois à 2 ans. Jusqu’ici, 100 patientes ont suivi ce protocole et semblent en être contentes. J’ai accepté (je crois que j’aurais accepté tout ce que me proposait le docteur Miracle). Cela reviendrait, m’a-t-il dit, à « une reconstitution complète de ma région vulvaire ».
Je n’aurai rien à payer, si ma mutuelle prend en charge le dépassement d’honoraires de 300 euros. La sécurité sociale prend en charge les 5000 euros que vaut la reconstruction de mon clitoris et de mes petites lèvres. Les 1600 euros de l’amélioration esthétique de mes petites lèvres sont à la charge de ceux qui mènent le protocole expérimental.
On en est arrivés au moment de la programmation de l’opération. Il m’a demandé quand je voulais me faire opérer. Ca m’a étonnée, je croyais qu’il était débordé. Je lui ai demandé si c’était possible au mois de Mai. Sa réponse m’a surprise : « Pas avant ? ». L’opération va avoir lieu le 16 Mai 2007. J’entrerai la veille à la clinique. et j'en sortirai le 17 dans la matinée. Mon homme viendra me chercher en voiture.
Pour préparer l’opération, je dois faire une prise de sang, rencontrer l’anesthésiste le 4 Mai et arrêter de fumer (fumer augmente les risques de complications lors de l’opération) au moins 6 à 8 semaines avant le grand jour.
Le docteur m’a montré que les informations sur l’opération qui parviendront à la sécu étaient codées. On ne saura donc pas de quoi je me fais opérer. Ce n’est pas très important pour moi mais peut-être que ça pourrait être pénalisant que ça se sache (je n’imagine pas vraiment comment, m’enfin on ne sait jamais…).
J’ai trouvé le docteur vraiment gentil, j’ai eu l’impression d’être particulière, unique, importante et ça m’a fait un bien fou. Il était attentif et je me suis sentie bien. Emue mais à l’aise. Il m’a demandé ce que m’avait dit ma gynécologue de mon excision. Je lui ai répondu qu’elle n’en avait jamais fait mention mais que c’était toujours mieux que le précédent qui m’avait dit en substance que ce n’était pas grave et que de toute façon, c’était fait, point barre. Il m’avait achevée d’un « le plaisir, c’est dans la tête et puis, que voulez-vous, il y a des femmes qui n’ont jamais d’orgasme, c’est comme ça ». Youpi. Le docteur a paru affligé de ce que je lui racontais. On a papoté un peu. J’ai demandé au docteur si une femme dans la position de ma cousine, qui a eu plusieurs enfants, pouvait se faire opérer. Et j’ai eu la confirmation que oui.
Il m’a fait un peu peur en me disant « Bon, et bien, à moins que je me fasse tuer avant, il n’y a pas de problème ». C’était peut-être une plaisanterie, mais vu que j’angoisse qu’il meure avant d’avoir pu m’opérer, je me suis prise à regretter de ne pas avoir demandé une date d’opération avant.
Il a été très clair et très complet dans ses explications. Pour l’opération, je vais être anesthésiée généralement et aussi localement. Je vais avoir mal pendant une semaine puis les douleurs vont s’atténuer. Je devrai aller à des visites de contrôle au bout de la 2e semaine de convalescence, puis un mois et demi après l’opération, puis 6 mois après. C’est lors de cette dernière visite de contrôle qu’il me proposera un suivi avec un sexologue, si je veux.
Pendant les 6 semaines que va durer la cicatrisation, ça va couler un peu mais c’est normal, il y a un drainage qui doit se faire. J’aurai un traitement et des soins locaux à faire.
Il faut que j’attende que ces 6 semaines soient écoulées pour reprendre des activités physiques et sexuelles.
N’ayant pas un métier qui nécessite que je bouge beaucoup (il ne faut pas que je marche trop les premiers temps), le docteur pense qu’un arrêt de travail d’une semaine, après l’opération, devrait suffire.
Les sensations clitoridiennes, le plaisir quoi, apparaissent en moyenne au bout de 6 mois.
Le rendez-vous s’est terminé, j’ai payé ma consultation, pris rendez-vous avec l’anesthésiste et je me suis faite enregistrer à l’accueil afin qu’on me réserve une chambre.
En sortant, je me sentais bizarre : j’avais envie de rire et de pleurer à la fois. Et j’ai angoissé très fort (faites qu’il ne meure pas avant, faites qu’il ne meure pas tout court).
Ca m’a fait du bien d’en parler à ma cousine que j’ai appelée dès mon retour. Ainsi qu’à mon homme et à mon meilleur ami qui se sont réjouis avec moi.
Vivement le 16 Mai 2007. Vivement, vivement !

jeudi 1 mars 2007

Demain

Ce matin, je me suis réveillée très tôt, vers 6 heures, avec la peur au ventre. C'est demain la consultation. Demain. J'ai réfléchi au trajet: Paris - Saint Germain en Laye. Il faut 1h16 selon mappy. J'ai calculé qu'il fallait que je parte vers 7h15 - 7h30 de chez moi pour arriver à l'heure au rendez-vous, en tenant compte des aléas qui pourraient survenir. Ce matin, avant de partir de chez moi, j'ai réglé mon révéil à 6h30 pour demain. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'au trajet, là. Impossible de me figurer l'hôpital, ni le médecin.
J'ai quand même préparé les questions que je veux poser au médecin. Je me connais, je suis facilement passive et sur ce coup-là, je veux assurer et savoir tout ce qu'il y a à savoir.
J'ai un peu peur et je n'ose pas me laisser pleinement espérer ou me réjouir.

On verra bien demain...