vendredi 29 juin 2007

Bilan des six semaines

Mercredi, ça a fait six semaines que j’ai été opérée. L’heure est venue de faire un petit bilan.



Douleurs : 1/10


Ma période de souffrances post-opératoire est loin derrière moi. Elle n’a finalement duré qu’une dizaine de jours. Ensuite, pendant deux ou trois semaines, il y a eu les tiraillements et un sérieux inconfort quand je restais debout trop longtemps, voire une douleur diffuse mais bien présente si vraiment je poussais le bouchon trop loin.

Mais bon, ça ne m’est pas arrivé plus d’une fois ou deux (j’apprends très vite à me ménager quand l’alternative implique de souffrir). Enfin, il y a eu la détestable période de repousse des poils. J’ai eu furieusement envie de me gratter durant une semaine à peu près.

Mais maintenant, la guerre du mal physique est terminée. J’ai étrangement presque oublié ce que ça faisait.


Alléluia.


Cicatrisation : 8/10


Mon clitoris est toujours bien rose.

En revanche, toute la zone autour a retrouvé une couleur normale. L’ensemble de mon intimité a d’ailleurs dégonflé et n’est pratiquement plus sensible.

En parlant de sensibilité, contrairement à ce que je croyais, je ne sens pas encore mon clitoris «de l’intérieur». Je n’ai plus mal, je le sens «de l’extérieur» quand je croise les jambes, mais c’est tout pour l’instant. Je patiente, je patiente.

Je continue à faire des toilettes intimes avec de la Bétadine diluée. Le plus souvent, c’est 4 fois par jour mais il m’arrive de plus en plus souvent d’oublier la séance de fin d’après-midi et de me cantonner à 3 nettoyages.


Normalement, ce traitement devrait être modifié la semaine prochaine. J’ai rendez-vous avec le docteur Foldès et il m’a dit qu’il me prescrirait une crème pour parachever la cicatrisation. J’espère qu’il n’y aura plus autant d’ablutions intimes à faire, parce que j’en ai assez, là.


Les fils ne sont toujours pas tombés. Ils vont s’incruster dans mes chairs si ça continue, j’en suis sûre.


L’autre grande contrariété que j’éprouve, c’est que je ne distingue toujours pas mes petites lèvres. Soit je suis plus que nulle en anatomie féminine (et pourtant je me suis documentée), soit il y a un problème et elles sont encore trop gonflées. Du coup, la peau étant tendue, elles se fondent dans les grandes lèvres et c’est pour cela que je ne les vois pas. Enfin, c’est la théorie que j’ai élaborée ce matin. Verdict la semaine prochaine.


Démarche : 9/10


J’ai retrouvé ma démarche. J’irai même jusqu’à dire qu’elle est plus féminine, vu que mettre des jupes me fait remuer du popotin. En réalité, j’aime de plus en plus ça, me balader en jupe ou en robe. Je m’habitue de plus en plus à l’aspect de mes jambes (leur joliesse doit dépendre du point de vue. Vu de ma fenêtre, elles sont un peu bof, mes jambes, quand même). J’irai presque jusqu’à dire que j’aime ma silhouette en jupe…


Seulement, si j’ai retrouvé ma vitesse de croisière lorsque je marche, je ne cours pas encore vraiment. Je n’ose pas y aller franco et je me contente de trottiner précautionneusement. Même sous une pluie battante. C’est dire à quel point j’ai peur de me faire mal. Il va pourtant bien falloir que je me lance un jour, mais pour l’heure, j’ai la frousse.

Moral : 7/10


J’ai des hauts et des bas. Pas d’euphorie ni de grosse déprime mais bon, mes démêlées avec mes parents ont laissé des traces. Ca fait 3 semaines que je ne leur ai pas parlé et je n’en ressens pas du tout l’envie, là. Je suis comme blasée. J’ai besoin de mettre cette distance entre nous. Mais je ne sais pas jusqu’à quand et ce qu’il y aura au bout.

Du côté de ma thérapie aussi, j’ai mis mes parents de côté. Il me faut le temps d’assimiler ce qui s’est passé ces derniers temps. En ce moment, je travaille sur les mythes que je me suis construit pour maintenir mon estime de moi-même à flot. J’en suis à un stade où elle n’a plus besoin de ces bouées et il faut que je m’en défasse. C’est drôlement difficile, je trouve. Parce que j’ai peur de ce qui se passera quand il me faudra avancer sans ces béquilles. C’est comme lorsqu’on enlève les petites roues au vélo d’un enfant…

Avec le recul, je réalise l’aide inestimable qu’a été la possibilité de mettre des mots sur ce que je ressens. Chez ma psy, bien entendu. Et aussi ici, sur ce blog. Je crois vraiment que j’aurais pu m’empoisonner en n’élaborant pas toutes ces choses qui m’ont traversées par le passé et encore maintenant…



Sexe : 3/10


Je m’inquiète de plus en plus par rapport à la reprise, imminente j’espère, de ma vie sexuelle. Ca nous manque, à mon homme et à moi.

Mais j’ai très peur que le méli-mélo corporel me fasse mal. Déjà, le frottement contre mon clitoris me glace d’effroi. Vu l’effet que me fait un pauvre jean, je n’ose imaginer ce que la peau et les mouvements de mon chéri pourraient causer comme douleur. En fait, pour l’heure, j’associe tout contact avec mon clitoris à une idée de douleur intense.

A la limite la pénétration me fait moins peur, vu qu’il y a des positions qui permettraient qu’il n’y ait pas trop de frottement avec mon clitoris. Mais même là, j’appréhende beaucoup.


Je crois que j’ai, en outre, besoin du feu vert du docteur Foldès avant de me lancer. Je veux être sûre que je ne cours aucun risque sur le plan médical. Je ne veux pas avoir de complications ou je ne sais quoi de désagréable et que j’aurais pu éviter en ne batifolant pas à tort et à travers.


Forme Physique : 6/10


Je ne sais pas si c’est lié, mais je suis épuisée. Franchement crevée même. C’est simple, je me traîne. C’est comme si, après une tension soutenue, je m’étais relâchée et que j’accusais le coup. J’ai tout le temps sommeil et je m’endors dès que je suis allongée. Vivement les vacances…



Sport : 0/10


J’en suis la première étonnée mais mes séances (sporadiques, je l’avoue) de piscine ou de jogging me manquent.

Pourtant, j’attends de voir le docteur Foldès avant de reprendre mes activités. Je ne veux pas retourner à la piscine et chopper une horreur qui m’obligerait à suivre un traitement pendant encore de longues semaines.



Arrêt du tabac : 6/10


J’ai craqué.

Plusieurs fois.

C’est nul, je sais, je sais.

Je crois qu’avant l’opération, j’avais trop peur que le fait de fumer puisse nuire à ma reconstruction (ça pouvait entraver la cicatrisation) et je me tenais à carreau.


Maintenant que j’ai été opérée et que je ne suis pas morte sur la table, je n’ai plus d’épée de Damoclès suspendue au dessus de la tête.


Alors bon, à l’occasion de fêtes, j’ai fumé une ou deux cigarettes, bêtement, dans la liesse du moment.

Ensuite, j’ai racheté un paquet que j’ai entièrement fumé.

Ce n’est pas bien du tout, je sais, je sais.

Je suis toute contrite. Je vous assure que je me flagellerais si je n’avais pas ce petit problème d’intolérance à la douleur. J’ai honte. Et encore plus depuis le regard déçu que m’a lancé mon homme quand il m’a prise sur le fait.


Je suis patchée de nouveau depuis quelques jours, je ne veux pas retomber dans cette addiction.


Surtout que je me demande si ça n’explique pas le fait que ma cicatrisation n’est toujours pas finie après les 6 semaines prévues.

lundi 25 juin 2007

Mes amies les jupes

Hier soir, j’ai réalisé quelque chose d’insensé.


En 40 jours, je n’ai pas porté de pantalons. Enfin, si je ne compte pas le bas de pyjama large avec lequel j’ai passé un ou deux dimanche, je n’ai porté AUCUN pantalon en 40 jours.

Je n’ai porté que des jupes pendant plus d’un mois. Tous les jours ! N’est-ce pas complètement fou ça ?

Ca ne m’était pas arrivé depuis tellement longtemps que je ne me souviens pas de mon précédent record. C’est dire à quel point ce qui m’arrive est révolutionnaire.


Et en plus, je me sens normale.


Bien évidemment, pour l’adepte inconditionnelle du pantalon que je suis, les choses ne sont pas déroulées sans douleur.


Au début de ma convalescence, c’était simple, je n’étais que douleur et souffrances. L’extrême sensibilité de ma zone génitale me rendait méfiante envers tous les habits moulants de ma garde-robe et encore plus les pantalons. Je ne voyais que mon confort et mon bien-être n’était possible qu’en jupe. Déjà que j’avais mal, je n’allais pas en rajouter en me saucissonnant dans un pantalon.


Ca a duré le temps de mon arrêt de travail. J’étais chez moi, mes jambes nues me donnaient l’impression d’être en été, au bord de la mer.


Lorsque j’ai repris mon travail, j’ai voulu remettre des pantalons, comme à mon habitude, d’autant que la douleur et même les tiraillements n’étaient plus que de vagues souvenirs et que les picotements qui me restaient ne me gênaient plus.


Seulement, j’ai imaginé les ravages que pourraient causer le frottement de l’entrejambe de mes pantalons sur mon clitoris en cours de cicatrisation et j’ai frémi.


Alors j’ai dérogé à toutes mes valeurs vestimentaires et j’ai décidé de poursuivre ma cure de jupes.


Debout devant ma penderie, j’ai découvert plusieurs choses.

D’abord, je n’avais pas beaucoup de jupes, à peine une dizaine. Et sur cette dizaine, très peu convenaient à mon environnement professionnel. Moi des jupes, je n’en achetais que pour buller l’été. Je n’ai même pas de tailleur, c’est dire à quel niveau je me situe.


Je passe sur le constat humiliant du nombre conséquent de jupes qui ne m’allaient plus. Vu que je ne les portais que rarement, et encore l’été, je ne me rendais évidemment pas compte qu’elles rétrécissaient (ma théorie est qu’une jupe qu’on ne porte pas est une jupe malheureuse. Et tout le monde sait qu’une jupe malheureuse rétrécit).


J’ai dû faire appel aux quelques robes de ville que je possède pour étoffer la pile des jupes mettables et pour ne pas porter la même chose tous les 3 jours.


Ensuite, j’ai réalisé à quel point il était dur de perdre mes automatismes. Combien de fois ai-je ouvert sereinement mon placard de gauche et saisi un pantalon en chantonnant avant de réaliser que ça n’allait pas être possible ? Combien de fois ai-je perdu le fil de mes idées devant mon placard de droite, toute troublée de n’y voir aucun pantalon ?


Très honnêtement, j’ai lutté pour me défaire de ce que j’ignorais être une addiction jusqu’à ce que je me trouve confrontée à cette nécessité de snober, pour un temps, mes pantalons adorés. Ca n’a pas été simple.


En plus, il a fallu que je revoie ma stratégie d’épilation puisque je ne pouvais plus cacher mes jambes.


Je bénis le hasard qui a fait que mon opération a eu lieu au printemps et non pas en hiver. Ainsi, je peux faire l’impasse sur les collants, bas et consort (d’autant que je suis épilée en permanence). Je ne sais pas pourquoi, ou plutôt si, je sais pourquoi, mes collants ne survivent pratiquement jamais à une rencontre malencontreuse avec mes ongles. Si je me faisais des manucures un peu plus souvent aussi, mes ongles seraient moins déchiquetés et mes collants auraient la paix.


Mais bon, c’est l’été alors pas de collants. Même si parfois, par grand vent ou par temps de pluie, j’ai froid, voire très froid. Ce n’est pas trop grave car, voyez-vous, j’habite à Paris. Ce qui implique que le temps que je passe à l’air libre est plus que limité (vive les transports en commun). Alors je serre les dents, mon pull et mes jambes et je hâte le pas. Et le froid est supportable.


En plus, il y a ces regards flatteurs. Je n’avais jamais réalisé à quel point on pouvait avoir du succès en jupe. Même avec des cernes, plein de boutons (vive le printemps) et même pas de décolleté. C’est plutôt agréable, je dois dire.


Mon chéri approuvant très lourdement ma décision de porter des jupes, j’envisage d’en acheter un paquet pendant les soldes.


Mon Dieu, je ne me reconnais plus.


C’est fou l'effet que me ça me fait. Parce que forcément, ça adoucit de porter une jupe. En tout cas, ça a un effet drôlement calmant sur moi. Je n’étais pas masculine au départ, loin s'en faut même, mais à la vitesse à laquelle je m’habitue aux jupes, je vais me transformer en femme fatale sans avoir eu le temps de dire ouf. Si ça se trouve, je vais bientôt me passionner pour les chaussures à talons.


Mon Dieu!


Enfin bon, ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est que ce n’est pas si difficile de porter des jupes, finalement.

Toutefois, le naturel revenant au galop, même si on l’envoie paître, j’ai essayé mon jean le plus large hier soir. Juste histoire de faire un point sur mes possibilités vestimentaires.


Ca a fort bien commencé. Je suis arrivée à fermer les boutons et à faire plusieurs pas sans aucun problème.


Ce n’est qu’en m’asseyant que je me suis rendue compte que je n’étais pas près de remettre mes jeans chéris. Ils ne sont toujours pas du tout bien vécus par ma zone en convalescence. Qui s’est empressée de protester par un douloureux inconfort. Après ça, même debout, le charme était rompu. J’avais envie de tirer sur l’entre-jambe de mon jean et même de le tenir comme ça en permanence, entre deux doigts. Malheureusement, ce n’est pas classe du tout et en plus, ça occupe une main à plein temps.


Je suis donc sagement retournée à mes jupes.


Je vais patienter encore un peu, en espérant que je ne vais pas attraper une bronchite, une laryngite ou je ne sais quoi, à me promener comme ça, les jambes nues alors qu’il ne fait même pas 20 degrés…

jeudi 21 juin 2007

Orage

Bon, j’en ai marre, là.
J’en ai marre que la cicatrisation soit si longue. Les fils ne sont toujours pas tombés. Pfff… J’ai l’impression que cette satanée convalescence ne se terminera jamais. Heureusement que je suis nomade maintenant, hein ? Parce que j’ai le sentiment que je vais devoir faire 4 toilettes intimes par jour jusqu’à la fin de ma vie.
J’en ai assez que mon clitoris soit encore rose et si gros. En plus, je ne sais même pas à quoi il est censé ressembler. Toutefois, ce matin, j’ai pu constater qu'il avait réduit de volume. Eh bé! Il était temps! Ca fait quand même cinq semaines que j’ai été opérée. Pfff…

Et je ne parle même pas de mes petites lèvres. Celles-là, heureusement que je sais qu’elles ont aussi été réparées, hein ? Parce que je ne les vois toujours pas.
Ne vous pressez pas les filles, hein? Montrez-vous quand vous serez prêtes, ok? Je suis là, je sèche sur pied en vous attendant alors surtout, ne vous gênez pas pour moi, hein? Prenez tout votre temps!

Il faut que je sois patiente et j’ai bien fait de faire cette démarche, m’a répété mon homme ce matin. Je suis totalement d’accord.

Mais là, aujourd’hui, j’en ai ras-le-bol.

J’ai envie de reprendre ma vie sexuelle, le batifolage me manque de plus en plus.
J’ai envie de retourner à la piscine et de nager avec des palmes.
J’ai envie de pouvoir courir après un bus ou de monter les marches des escaliers quatre à quatre.

Mais bien entendu, il faut que j’attende. Encore et encore. Pfff….

Déjà il y a cette cicatrisation physique qui lambine, mais, comme si ça ne suffisait pas, il y a ma reconstruction morale qui s’avère bien plus compliquée que je ne le croyais.
Dans mes rêves éveillés de grande naïve, j’avais imaginé que mes parents me demanderaient platement pardon, pleurant à chaudes larmes et jurant qu’ils s’en sont voulus depuis le jour de mon excision. J’avais imaginé qu’ils me raconteraient la vérité sur ce qui s’est passé ce jour-là. Et que moi, je parviendrais à leur pardonner de m’avoir fait tant de mal.

J’avais un second scénario où mes parents, choqués que j’entreprenne une reconstruction, m’engueulaient vertement. Moi je me défendais en leur disant à quel point ils avaient foiré comme parents et qu’il fallait bien que je me prenne en charge. Après, on se fâchait et on ne se parlait plus de toute notre vie, ce qui n’était pas grave pour moi parce que je m’en sortais toute seule.

Bien entendu, ce n’est pas du tout comme ça que ça s’est passé. Ni réconciliation dans les larmes ni rupture définitive dans les cris. Non, à la place, il s’est passé que mes parents n’ont pas moufté. Ou plutôt mon père n’a pas moufté. Ma mère, elle, m’a peut-être bien menti. Et je me demande quel est le pire des deux: me mentir ou ne pas me parler.

Il faut dire que j’ai fait une chose assez dangereuse. Sur un coup de tête, j’ai écrit à ma sœur pour lui poser une question. J’avais besoin de savoir si ma mère avait participé ou non à la décision de nous exciser. J’avais besoin de savoir si elle m’a menti au téléphone, quand elle m’a dit qu’elle n’y était pour rien.
Hier matin, dans mon lit, m’est venue la lumineuse idée de demander à la seule autre personne susceptible de le savoir : ma sœur. Qui avait 6 ans à l’époque et qui s’en souvenait peut-être. Dans l’e-mail que je lui ai envoyé dès que je me suis levée, je lui ai demandé pardon à l’avance de lui faire remuer des souvenirs douloureux et puis je lui ai demandé si elle se souvenait de quelque chose qui pourrait me permettre de faire toute la lumière sur la participation éventuelle de ma mère.

Elle m’a appelée tout à l'heure (grosse surprise, ce coup de fil, je pensais qu’elle ne me répondrait pas, en fait) pour me dire qu’elle ne se rappelait rien de bien probant mais qu’une fois, lorsqu’elle était adolescente, mon père et elle en avaient parlé. Et il lui avait dit que s’il était entré dans une colère aussi épouvantable, c’était parce que lorsque ma mère avait suggéré qu’il serait bon que nous soyons excisées, il lui avait formellement interdit de nous faire mutiler et qu’elle l’avait fait quand même. Mon père a dit à ma sœur qu’il avait couru au dispensaire près de son village pour demander des vaccins contre le tétanos pour nous deux…

Purée, ça m’a vrillé le cœur d’apprendre que mon père a parlé à ma sœur de notre excision alors qu’il est mutique avec moi. Franchement, j’ai une énorme boule de bowling en formation dans la gorge, quand j’y pense. C’est quoi exactement son problème avec moi? Pourquoi il ne me parle pas, à moi? Hein? Pourquoi n’ai-je donc droit qu’au silence, moi?

Et alors ma mère, je n’en parle même pas. On dirait bien qu’elle m’a menti. Oui, on dirait bien qu’à la lecture de ma lettre, ma brave mère s’est précipitée sur son téléphone pour me fourguer un pur mensonge. N’est-ce pas chouette, ça? Je suis en train de découvrir l’étendue de ma colère contre elle et je peux vous dire qu’elle est monumentale.

Elle m’a menti !!!

Enfin, si j’en crois ce que ma sœur dit que mon père lui a dit puisqu’il ne me parle pas, à moi.

Il y a des jours comme ça où je n’en peux plus. Des jours où j’ai envie d’arrêter les frais. Aujourd'hui est un jour de ce genre, un jour gris cendre.

J’en ai vraiment terriblement marre, là.

lundi 18 juin 2007

Enfin nomade!

Mon meilleur ami a souvent de très bonnes idées.

Dernièrement, il en a eu une qui m’a libérée de ma salle de bains.

Comme je vous l’avais dit, il me faut faire une toilette intime 3 à 4 fois par jour. Et rincer abondamment à chaque fois.

A la longue, j’ai fini par prendre le pli. De «chiantissime», ce rituel est passé à «un peu pénible».

Même depuis que j’ai repris le travail, je ne déroge pas aux prescriptions du docteur Foldès et je continue de prendre 4 demi-douches par jour.

En fait, je pourrais me contenter de faire 3 toilettes intimes par jour (une le matin, une en rentrant du travail et une le soir avant d’aller me coucher). Après tout, il m’a reprécisé « 3 à 4 fois par jour », à ma dernière consultation. Mais bien évidemment, mon côté « bonne élève » me pousse à en prendre 4. Dans « 3 à 4 fois par jour », moi j’entends 4 fois mais bon, si ce n’est que 3 fois, ça va quand même.

Du coup, quand j’ai recommencé à travailler, je rentrais chez moi tous les midis pour faire mon soin.

Ce qui me coinçait un peu. Impossible de faire quoi que ce soit à l’heure du déjeuner et l’aller-retour me prenait bien 1h30 (déjeuner compris).

L’autre jour, j’ai déjeuné avec mon meilleur ami et il est apparu que la contrainte venait en réalité du fait de devoir rincer abondamment. On ne peut pas rincer abondamment ses parties intimes dans des toilettes (sauf si elles sont équipées de ces nouveaux trônes de luxe venus du Japon avec options siège chauffant et fontaine de rinçage comme j’en ai déjà vues, mais ce n’est pas le cas des toilettes de mon lieu de travail).

Et bien mon meilleur ami m’a suggéré d’emporter avec moi une pissette (vous savez, ces récipients de laboratoire avec une sorte de bec recourbé dont se servent les chimistes?).

Avec ça, j’avais possibilité de rincer abondamment et en toute discrétion dans n’importe quelles toilettes.

Le soir même, au supermarché, l’idée s’est affinée : puisqu’il s’agissait de pouvoir avoir une sorte de fontaine portative, je pouvais aussi prendre une bouteille d’eau avec un bouchon « spécial sportifs » (ceux qu’on tire avec les dents pendant qu’on court et qui permettent, en pressant la bouteille, de faire sortir l’eau en jet).

J’en ai essayé plusieurs. Certaines bouteilles étaient trop dures (du coup, quand on appuie, on n’a pas de fontaine, il faut incliner la bouteille vers le bas pour avoir un ersatz de jet très en deçà de mes attentes). D’autres étaient plus souples, je pouvais appuyer plus fort ce qui générait un magnifique jet tout en tenant la bouteille à l’endroit (tête vers le haut), mais elles étaient d’une contenance trop faible à mon goût (25 cl).

Selon moi, l’idéal serait d’avoir un litre d’eau à disposition.

En attendant d’essayer la pissette de mon ami, j’ai choisi une bouteille de 50 cl et je dilue beaucoup la Bétadine, ce qui fait qu’il y a moins à rincer.

Du coup, je me balade maintenant avec mon petit sac rose contenant une petite bouteille de Bétadine rouge, un gobelet (pour le mélange Bétadine-eau), quelques compresses stériles, ma bouteille à bouchon « sport », des mouchoirs tous doux et une ou deux serviettes hygiéniques douces.

Je suis enfin libre de faire ce que je veux de mes heures de table.

Les soins, que je dois continuer jusqu’au 4 juillet au moins, sont nettement moins contraignants maintenant que je peux les faire n’importe où.

C’est l'euphorie, là!

mardi 12 juin 2007

Qui ne dit mot consent-il?

Ce week-end, je suis allée chez mes parents avec une mission.

J’avais résolu de leur faire part de ma colère contre eux. C’était l’occasion ou jamais : on se revoyait pour la première fois depuis mon opération et on allait passer 48 heures ensemble, juste eux et moi.

Et bien j’ai échoué. Dans les grandes largeurs.

Je ne leur ai rien dit de ma colère.

Je savais qu’il y avait de grandes chances que je flanche (mes pensées en forme de « Il faut absolument que je leur parle » n’auguraient rien de bon) mais j’étais résolue à au moins aborder le sujet à un moment ou un autre.

Sauf que je ne l’ai pas fait. Je n’ai pas pu le faire.

Je ne leur ai rien dit de ma colère.

Je ne me comprends pas. Loin d’eux, je bouillais de rage, je me disais qu’ils n’avaient pas été à la hauteur, qu’ils ne m’avaient pas protégée et que je me devais de leur dire à quel point je leur en voulais pour ça. J’avais mal à la gorge et je n’en dormais pas quand j’y pensais. Arrivée chez eux, ma colère s’est comme mise en sourdine.

Les mots ne me sont pas venus. Je n’ai pas trouvé d’occasion de me dire.

Je ne leur ai rien dit de ma colère.

C’est sûr qu’après 31 ans d’obéissance aveugle, il était vain de croire que j’allais pouvoir provoquer une grande explication à cœur ouvert comme on claque des doigts. Mais quand même !

Je ne leur ai absolument rien dit de ma colère !

Mon père a été très chaleureux. Il m’a beaucoup parlé de choses et d’autres. Quant à ma mère, elle a été aux petits soins tout le week-end. Ils ont paru très contents de me voir. Ils m’ont vraiment bichonnée.

Mais ça n’a pas suffit pour me lancer.

Je ne leur ai rien dit de ma colère.

Pourtant, j’ai noté le regard étrange que posait ma mère sur moi quand elle pensait que je ne la voyais pas. J’ai remarqué qu’elle s’est soigneusement cantonnée à l’aspect pratique de mon opération (« Tu fais bien tes soins ? Tu es sûre ? »). J’ai constaté la gêne manifeste de mon père en ma présence. J’ai bien vu que tous ses mots n’étaient que bavardage superficiel, comme pour ne pas laisser de blanc. Comme s’il craignait ce qui pourrait naître du silence.

J’avais l’impression qu’ils se dérobaient, qu’il fallait que je les agrippe et que je leur hurle « Mais purée, regardez-moi ! Laissez-moi donc de l’espace, que je vous dise ma colère contre vous ».

Et ça me coûtait de leur courir encore après. Ca m’humiliait d’être obligée, une fois encore, de m’ouvrir les tripes pour qu’ils y jettent un regard inexpressif avant de retourner dans leur monde où tout va pour le mieux et où mon opération n’est plus qu’une anecdote.

Ma psy m’a dit hier que, peut-être, la « grande moi » n’avait plus rien à leur dire, alors que la petite fille qui est en moi attendait toujours des excuses. Je ne sais pas si c’est ça mais quand elle m’a suggéré cela, j’ai compris que c’était cette petite en moi que j’avais cruellement déçue. Elle a souffert le martyre, personne n’est venu lui demander pardon ni la consoler et, ce week-end, « la grande moi » a reculé. Elle a flanché, elle n’a pas souligné l’injustice que la « petite moi » a subie. Elle l’a laissée tomber.

Purée mais pourquoi les choses sont-elles si dures à dire ? Pourquoi est-ce donc à moi de faire tout ça ? pourquoi mes parents n’ont-ils rien dit, ce week-end ?

Le déni de responsabilité possible dont parlait ma psy hier n’a pas vraiment suffi à me consoler.

Je ne leur ai rien dit de ma colère.

Je suis peut-être de ceux qui tendent l’autre joue après qu’on leur a massacré la première. Je suis peut-être lâche après tout…

Pourtant, ce week-end, je n’ai pas éprouvé de peur. Face à mes parents, je me suis sentie adulte. Je ne suis pas entrée dans le bavardage vide de mon père (j’ai même été étonnamment silencieuse). Je n’ai pas joué à la petite fille adorée et toujours d’accord de ma mère. Je leur ai même fait part de mon projet d’acheter un appartement avec mon homme, de ma décision de ne pas me marier et d’avoir quand même des enfants, ce qui est énorme quand on pense à la société traditionaliste dont je suis issue.

C’est un grand pas en avant, ma psy a raison. C’est la preuve que je deviens adulte face à mes parents, que je m’autodétermine.

Oui, d’accord.

Mais alors si je suis adulte et que je n’ai plus peur d’eux, pourquoi n’ai-je rien dit ? Pourquoi n’ai-je pas pu profiter du trajet en voiture avec mon père qui me ramenait à la gare dimanche pour lui en dire un peu plus sur ce « mieux-être psychologique » que, dans ma lettre, je disais espérer et sur lequel il m’avait interrogée ?

Pourquoi rien ne s’est passé ?

J’aurais voulu dire à mon père que j’espérais enfin être digne de tout : de respect, d’estime et d’amour. J’aurais voulu lui dire que j’espérais tuer enfin cette petite voix qui me souffle de temps en temps que j’ai peut-être été excisée parce que je n’étais pas quelqu’un de bien. Comme une punition à l’avance. Comme si les souffrances qui en ont résulté m’ont conduite à être quelqu’un de meilleur. J’aurais voulu lui dire que je croyais quand même être quelqu’un de bien à la base.

Sauf qu’aucune de ces paroles n’a franchi mes lèvres. Aucune.

Je ne leur ai rien dit de ma colère. Rien de rien.

Rideau sur mon prétendu courage de soldat…

mercredi 6 juin 2007

Visite de contrôle

Lors de sa visite éclair le lendemain de l’opération, le docteur Foldès m’avait indiqué qu’il fallait que je revienne le voir dans les 2 à 3 semaines suivantes. Il suffisait d’appeler le secrétariat de sa consultation pour savoir quand il était là et de se présenter, sans rendez-vous.

Lundi matin, j’ai donc appelé la clinique Louis XIV. Sa secrétaire m’a annoncé que, cette semaine, le docteur Foldès consultait lundi après-midi et mardi après-midi à partir de 14h.

Je n’avais pas du tout envie d’y aller. Tellement pas qu’au lieu de me précipiter dès le lundi après-midi, j’ai décidé de n’y aller que le mardi. Le mardi après-midi, je suis arrivée pile à l’heure et non pas au moins une demi-heure à l’avance comme j’en avais l’habitude.

En allant vers la clinique, j’essayais d’analyser ma réticence. Déjà, il y avait le fait que le docteur Foldès m’impressionne beaucoup. Et puis il y avait aussi cette autre composante que je n’arrivais pas à formuler. Tout ce que j’en saisissais, c’était que je n’avais aucune envie de rencontrer d’autres patientes du docteur Foldès.

Quand je suis entrée dans la clinique, j’ai croisé le regard d’une femme assise à la place à laquelle j’avais attendu qu’on vienne me chercher le jour de mon admission, la veille de l’opération.

Elle était noire. Et je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’elle était sûrement venue se faire opérer par le docteur Foldès.

Chassant cette pensée, je montais les quelques marches qui conduisaient au secrétariat des chirurgiens.

Et là, bingo, je tombe sur le docteur Iceberg. Toujours aussi expressif qu’une porte de prison, il ne m’a pas reconnue. C’est à peu près à ce moment-là qu’une boule est apparue dans ma gorge et que mon moral a commencé à vaciller sérieusement.

La secrétaire du docteur Foldès a noté mon nom dans la marge de son cahier. Du coup, je n’avais aucune idée du temps que j’aurais à attendre.

Je pensais que je serais prioritaire mais, une fois installée dans la salle d’attente bondée et étouffante, j’ai aperçu le chirurgien qui parlait à sa secrétaire. J’ai senti tout mon corps se crisper et j’ai été drôlement soulagée de l’entendre appeler un homme âgé. Finalement, je préférais passer après tous ceux qui avaient rendez-vous.

Le docteur Foldès est urologue à la base. Ça m’est revenu à l’esprit quand, par deux ou trois fois, il est venu chercher un homme dans la salle d’attente.

Pendant ce temps, la salle d’attente ne désemplissait pas, bien au contraire. Il n'y avait plus une seule chaise libre et les nouveaux arrivants se pressaient debout, le long des cabines isolant les secrétaires des chirurgiens de la salle d’attente.

En voyant apparaître des femmes noires, j’ai de nouveau immédiatement pensé qu’elles étaient des patientes du docteur Foldès. Ce qui m’a été confirmé par leur passage devant la secrétaire du chirurgien.

Une jeune femme d’à peu près 25 ans, la tête enturbannée est arrivée la première, suivie de très près par une femme d’une cinquantaine d’années. Puis une très jeune fille (elle avait l’air à peine majeure) est entrée d’un pas énergique dans la salle d’attente. Quelques minutes plus tard, une autre femme d’une vingtaine d’années est arrivée, accompagnée d’une femme qui pouvait être sa sœur ou sa copine.

Ces femmes ont sans doute été excisées elles aussi. Et elles aussi venaient sans doute faire réparer leur sexe mutilé.

Je les étudiais pour savoir à quelle étape de la longue démarche de reconstruction elles en étaient. Les dernières arrivées portaient des jeans slims et croisaient les jambes. Les deux premières portaient elles des vêtements amples mais avaient une démarche alerte. J’en ai donc déduit que soit c’était leur première consultation, soit cela faisait plus de 6 semaines qu’elles avaient été opérées et elles venaient pour un contrôle.

La boule dans ma gorge grossissait, mon moral sombrait. Je me sentais vulnérable et triste. Pour moi, pour elles. Chaque femme noire présente était vraisemblablement une femme excisée. Je trouvais ça affligeant.

Nous n’étions pas des patientes comme les autres dans cette salle d’attente. A la différence des autres, venus combattre un coup du sort, nous étions là pour réparer une abomination qui nous a été infligée par la main ou par la volonté d’un des nôtres, d’un membre de notre famille.

Et on se tapait toutes ces démarches, ces allers-retours à Saint-Germain-en-Laye, ces tiraillements, cette peur, ces angoisses, pour raccommoder notre dignité saccagée sans notre consentement.

Purée, ça m’indignait à tel point que la boule dans ma gorge a doublé de volume et que mon moral a chuté vers les abîmes de la déprime. J’avais envie de pleurer.

A ce moment-là, j’ai pensé que je voudrais bien que mes parents me demandent pardon un jour.

Perdue dans ces noires idées, j’ai à peine entendu le docteur Foldès m’appeler et je n’ai pas eu le temps d’avoir peur.

Dans son cabinet, le docteur Foldès m’a souri, ce qui m’a mis un peu de baume au cœur. Il m’a demandé quand j’avais été opérée. Il ne se souvenait pas de moi et ça m’a curieusement soulagée. J’avais très envie d’être une anonyme banale venue se faire examiner, pas une victime d’excision. Je n’étais plus une femme excisée. C’était fini.

Sur son bureau, il y avait une fiche d’information concernant une jeune femme malienne née en 1988 et excisée à l’âge de 5 ans. Ça a plombé mon moral déjà pas bien vaillant.

Il m’a demandé de monter sur sa table d’examen et de plier les jambes. Puis il a procédé à un examen rapide. « Superbe ! C’est parfait ! » a-t-il dit. Ça m’a fait plaisir, je me sentais toute fière. « Ça cicatrise bien, autant les petites lèvres que le clitoris. C’est très bien ».

Il a ajouté que c’était normal qu’il y ait un trou devant (mais quel trou au juste ? Je sens qu’il va falloir que j’explore de nouveau avec mon miroir, je ne voyais absolument pas de quoi il me parlait, là) et que ça coule encore un peu.

Il m’a recommandé de continuer à nettoyer 3 ou 4 fois par jour toute ma zone génitale avec de la Bétadine très diluée.

Puis il m’a expliqué que cette visite était une visite de contrôle, juste pour vérifier que tout allait bien. Et là, tout allait bien.

Il m’a ensuite dit qu’il fallait qu’il me revoie d’ici 3 à 5 semaines. Cette consultation serait très importante, essentielle même, car il me prescrirait alors un autre traitement.

Il m’a souri encore et mon moral a repris du poil de la bête. J’étais même assez contente et rassurée. Finalement, toutes ces galères valaient le coup…

J’ai pris rendez-vous pour le 4 juillet avant de partir.

En repartant vers la gare RER, j’étais partagée entre la joie de savoir que ma cicatrisation se passait bien et une flambée de colère contre cette mutilation.

Purée, je VEUX que mes parents me demandent pardon.

J’ai besoin que quelqu'un me demande pardon pour le mal qu’on m’a fait...

lundi 4 juin 2007

Appropriation

C’est étrange, je n’avais pas vraiment pensé, avant l’opération, au fait que mon sexe aurait un aspect nouveau. A un certain moment, j’avais même perdu de vue que mon clitoris reprendrait sa place entre mes grandes lèvres. Je n’y avais pas réfléchi.

Et aujourd’hui, face à mon clitoris retrouvé, j’avoue que je me sens troublée.

Depuis l’opération, je le nettoie délicatement avec des compresses trempées dans la Bétadine diluée, je l’observe discrètement pendant ces toilettes intimes, je suis attentive à ses réactions lorsque je l’asperge d’eau, je surveille l’évolution de son aspect, je guette ses manifestations en marchant, en m’asseyant ou en m’allongeant. Pourtant, il m’intimide.

L’opération de reconstruction du clitoris n’est pas une greffe. Je le sais bien, mais, dans mon esprit, ça y ressemble fort.

Lorsque j’évoquais mon opération en thérapie, je disais souvent : « je vais avoir un clitoris ». Et ma psy me corrigeait : « Non, pas UN clitoris, MON clitoris ». De la même manière, lorsque j’affirmais que « je n’avais pas de clitoris », elle me disait que cette phrase aurait été juste si j’étais née sans clitoris. Or, j’en ai un. Il a été coupé, mais j’en ai un.

Seulement voilà, ça fait 27 ans qu’il m’a été enlevé et je ne me souviens pas du tout de ce que ça fait d’avoir un clitoris. C’est vraiment comme si on m’avait greffé un nouvel organe.

Pour le moment, très honnêtement, je ne le sens pas vraiment. Par là, je veux dire que je ne sens que très rarement et très fugitivement que la topographie de ma zone génitale a changé.

Je trouve d’ailleurs très significatif que lorsque je marche et que je sens mon clitoris, j’ai une sorte de réflexe qui me fait légèrement écarter les jambes et donc marcher un chouïa comme un canard, ce qui est du dernier chic.

L’autre jour, pour la première fois, j’ai osé explorer les contours de mon clitoris directement avec mes doigts, sans compresse. Je l’ai timidement effleuré, faisant bien attention à ne pas trop l’ennuyer (j’avais peur de ressentir un pincement de douleur ou je ne sais quoi de désagréable, la zone entre mes grandes lèvres étant encore sensible).

Ce que cette exploration m’a appris, c’est que pour l’heure, mon clitoris est en fait maintenu la tête « hors de l’eau » par des points de suture des deux côtés (à l’avant ET à l’arrière des grandes lèvres et non pas seulement à l’avant comme je le pensais avant). Ça m’a rassurée, parce que je le trouve plutôt gros.

La question que je compte poser cette semaine au docteur Foldès, c’est : « Quid de mes petites lèvres ? ». Parce que c’est un peu le fouillis et avec tous ces points de suture, je ne les distingue pas (pourtant, j’ai consacré de longues minutes à investiguer les lieux).

J’ai retrouvé mon clitoris, mais il me reste maintenant à faire sa connaissance, ce qui ne coule pas de source, vu qu'il m'impressionne. Mais bon, je constate quand même qu'une intimité nouvelle s'installe entre nous, à son rythme. Et je trouve ça chouette.