mardi 27 novembre 2007

Le septième ciel en solo

Rhaaaaa ! Je savais que je ne pourrais pas y couper. Je le savais !

Mince de flûte !

Cette semaine, ma psy est revenue sur l’une des recommandations du docteur Foldès.

Il avait dit que c’était fondamental, mais bon, on a tous, dans une certaine mesure, tendance à l’exagération. Du coup, moi, sa recommandation, je l’avais enregistrée mais avec un énorme bémol. J’ai remplacé « fondamental » par « qui facilitera les choses ».

Il faut dire qu’autant il y a des indications que je peux appliquer avec zèle et concentration (mettre de la crème tous les jours sur mon clitoris, par exemple), autant celle-là, je ne peux pas. Blocage total. Donc, très sagement, je l’avais mise de côté.

Avec un peu de chance, ce serait peut-être inutile. C’est vrai quoi, parfois les choses se font sans qu’on intervienne. Ca s’appelle la magie de la vie.

Je sentais bien que j’abordais un terrain glissant quand, face à ma psy, j’ai exprimé ma petite pointe de déception par rapport à mon opération. Qu’on ne se trompe pas, je suis très contente des améliorations que j’ai constatées dans ma sexualité depuis cette opération.

Déjà, mes ébats sont plus sereins, cette horrible et pesante ombre qu’avait laissée la mutilation ayant disparu. L’amour à l’horizontale a acquis une légèreté que je n’imaginais pas possible.

Du côté physique aussi, la différence entre l’avant et l’après se sent nettement. Je n’ai plus de douleurs ou d’inconfort lors de mes parties fines qui se sont enrichies en sensations.

Bref, le sport en chambre m’est devenu largement plus agréable et je n’ai vraiment pas à me plaindre.

Ce constat fait, au risque de passer pour une perfectionniste naïve, je me dois d’avouer que je m’attendais à quelque chose d’un peu plus… renversant, d'un peu plus intense, quoi.

J’imaginais le nirvana, l’ivresse d’orgasmes multiples, le plaisir et la jouissance à tous les étages, le tout sans effort particulier. Je pensais qu’il suffirait d’attendre patiemment que mon clitoris s’invite avec enthousiasme à ces fêtes des sens.

J’ai donc dit à ma psy que je trouvais le temps long, là, quand même.

Et bam !

« Quid de la masturbation ? » m'assène t-elle tranquillement.

Comment? Plaît-il ? La quoi ?

En pleine déroute, à deux doigts d’être choquée, j’ai retenu, in extremis, un petit gloussement stupide de gêne. Et bien, la question va être réglée très vite: je ne me masturbe pas.

« Et pourquoi donc ? » m’a t’elle demandé, les yeux ronds de surprise.

Pourquoi ? Mais… mais je ne sais pas moi ! Je ne me masturbe pas, c’est tout, c’est comme ça.

Je me tortillais comme un ver de terre sur ma chaise tellement le sujet ne m’inspirait pas.

Il y a des femmes dont c’est le truc, qui trouvent ça totalement naturel, et qui sont totalement à l’aise avec la question. Et bien, je ne suis pas de celles-là, voilà.

Non Madame, je ne me « stimule » pas en solo, moi! Je me fous de passer pour une grosse "coincée du cul" comme on dit vulgairement (et on ne peut s'empêcher de remarquer l'adéquation de cette expression grossière à la situation qui nous occupe) mais je le dis tout net: je ne mange pas de ce pain-là, moi!

Ca ne m’attire pas du tout. Rien que le mot, je le trouve moche et plutôt effrayant, alors bon. La masturbation (Brrrr !), ça m’évoque soit un homme qui joue au bilboquet tout seul, soit, quand il s'agit d'une femme, une pratique qui sent le souffre et qui flirte avec de la pornographique pure et dure. On comprend donc aisément mes réserves sur la question. Quand j’essaye de me visualiser en pleine fiesta en célibataire, je suis partagée entre le ridicule et l’effroi.

Alors oui, c’est bien connu que c’est le meilleur moyen de connaître son corps, de savoir ce qui nous plaît et ce qui ne nous plaît pas, tout ça, tout ça. Je le sais et je ne doute pas que ce soit vrai. Mais bon, je passe quand même volontiers mon tour.

Ma psy m’a dit que face à mon clitoris tout nouvellement récupéré, je suis comme une gamine de six ans qui découvre qu’elle a un organe très sympa qui lui procure d’agréables sensations. Et qu'il n'y a pas d'autre moyen pour connaître l'étendue des possibilités de cet organe que la masturbation. Enfin bon, il y a le hasard et la magie de la vie, mais j'ai cru comprendre que leurs probabilités d'occurrence étaient négligeables par rapport à l'autoérotisme.

"Il faut y aller pas à pas", m’a-t-elle dit.

Soit. Pour autant, je n'étais toujours pas emballée par la perspective de me tripoter.

Ma psy m’a alors conseillé de mettre l'onanisme de côté pour le moment (Alléluia !) et de juste explorer mon clitoris avec mes doigts, comme pendant ma cicatrisation. Pas pour vérifier s’il est encore sensible-douloureux, mais plutôt pour sentir ses réactions, ses changements de forme, de volume, selon mon état d’esprit.

Elle m’a conseillé d’oublier la dimension sexuelle, ce qui me va très bien. Elle m’a aussi dit de ne pas me forcer, d’y aller tout doucement, de temps en temps, comme ça.

Bon.

Explorer, ça me semble déjà plus facile que « masturber » (Brrrrr!). Je ne m’y suis toujours pas mise, mais ça me parait moins insurmontable.

Je ne m’étais pas rendue compte que mon opération allait impliquer que je change de sexualité. Je ne m’étais pas douté qu’il allait me falloir être plus active dans ma vie sexuelle. Pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit : devenir maîtresse de ma sexualité et quitter la passivité facile qu’impliquait ma sexualité avant l’opération.

Punaise, ça va être dur.

mercredi 17 octobre 2007

La fameuse affaire des fils

J’ai eu le fin mot de l’histoire.

Pendant des semaines, j’ai guetté la chute de mes fils. Tant qu’ils n’étaient pas tombés, je ne pouvais pas me considérer comme totalement guérie. Ces satanés fils étaient LE point noir de ma cicatrisation. Ils m’horripilaient. Et je guettais le jour où je me rendrais compte qu’ils étaient tombés.

Je les sentais m’entraver, je me demandais s’ils allaient se retrouver emprisonnés dans ma chair en reconstitution. Et j’avais la trouille quand même. Je ne pouvais pas les oublier, me dire « Oh et puis ce n’est pas grave s’ils sont toujours en place ». Je n’avais pas du tout envie de vivre avec des fils greffés sur le clitoris jusqu’à la fin de mes jours.

Je suis du genre à me faire du mouron, alors la semaine dernière, je suis retournée chez le docteur Foldès et j’ai eu le fin mot de l’histoire.

Il n’y avait plus de fils. Du tout. Depuis un bail.

Non, non, non, non, ce n'était pas possible ça. Je les ai sentis, enfin! Ils ne pouvaient pas être déjà tombés, voyons. C'était impossible!

Eh bien non, c’était vrai. Les fils étaient des fils résorbables. Ils ont donc « disparu » à peu près cinq semaines après l’intervention, soit vers la dernière semaine de juin.

J’étais bouche bée devant le docteur Foldès. Coite. Je n’en revenais vraiment pas. Comment ça, les fils s’étaient résorbés ? Comment ça, ils étaient résorbables ? D’où sortait cette nouvelle ? Mais alors, je n’avais rien compris du tout ?

C’était énorme. Pendant toutes ces semaines où je croyais sentir mes fils, où j’attendais de les voir pendouiller puis tomber par petits bouts, pendant toutes ces semaines d’inquiétudes et de frustration, il n’y avait pas de fil. Il n’y avait plus de fil.

Je me suis sentie bête sur l’instant. Toute gênée, j’ai répondu au docteur Foldès qu’alors cette consultation n’avait plus lieu d’être puisque je venais parce que j’étais inquiète de ne pas voir mes fils tomber.

Purée, j’aurais pu me contenter de l’appeler au téléphone. Mais non. J’avais fait tout le chemin depuis Paris un jeudi après-midi, partant comme une voleuse de mon travail à une heure indécente juste pour apprendre que ça faisait un bail que mes fils étaient tombés.
Non mais c’était quand même incroyable cette histoire !

Comment avais-je pu passer à côté de cette information capitale à propos des fils ? Comment avais-je pu ne pas comprendre ça ?

Les hypothèses n’étaient pas nombreuses. Soit le docteur Foldès ne m’en avais jamais parlé (mais bon, j’en doutais fort et son air surpris m’a confirmé que cette hypothèse était fantaisiste), soit j’avais mal compris (celle-là me parut vite être la bonne).

Il y a eu un énorme malentendu. A cause du verbe « tomber ».

C’est toujours le verbe « tomber » que nous utilisions, le docteur Foldès et moi, lorsque nous parlions des fils et de leur disparition. Sauf que nous ne l’entendions pas de la même manière.

Pour moi, quand on dit de quelque chose qu’il va tomber, à fortiori d’un fil, je visualise une chute. Dans le cas que nous étudions actuellement, je vois la chute d’un bout de fil. Je le vois quitter un point A (mon intimité, par exemple) et décrire un mouvement vertical rectiligne vers le bas, ce mouvement n’étant arrêté que par un obstacle sur lequel le fil s’immobilise au point B (le fond de ma culotte ou le sol par exemple). De fait, comme j’avais une image très précise de l’expression « les fils vont tomber », j’étais persuadée que c’était ce qui allait se passer. Les fils allaient chuter et je le verrais.

Sauf que pour le docteur Foldès, manifestement, la définition du verbe « tomber » dans l’expression « les fils vont tomber » n’est pas du tout la même. Pour lui, un fil qui tombe est un fil qui disparaît. On ne s’intéresse pas à la façon dont ils quittent les chairs, mais juste au fait qu’ils les quittent et « tomber » veut alors dire « ne plus être sur la cicatrice ».
Il a ajouté que le fait qu’il n’y ait pas de rendez-vous prévu dans le protocole de la reconstruction clitoridienne pour retirer les fils montrait bien que les fils étaient résorbables.

Certes, c’est vrai. Mais je n’y avais pas pensé.

Sur le chemin du retour, j’étais partagée entre incrédulité et envie de rire. C’était abasourdissant, cette nouvelle. Et puis, dans le RER qui me ramenait vers Paris, j’ai été contente. Il n’y avait plus de fils. Tout était terminé et je pouvais définitivement clore le chapitre de ma cicatrisation.

En réalité, ça faisait quand même des semaines qu’il était clos, ça faisait des semaines que j’hésitais à aller voir le docteur Foldès pour me tranquilliser l’esprit. Alors bon, savoir que la fin de ma cicratisation était déjà loin derrière moi a fait que ma joie fut quand même modérée.

Ce soir, j’ai relu le document qu’il m’a remis le lendemain de l’opération et qui s’intitule « Suites immédiates de la chirurgie réparatrice du clitoris ».

Et il est écrit : « Les fils de suture utilisés sont résorbables, il n’y a donc pas besoin de les faire enlever, ceux-ci tomberont d’eux-mêmes dans les cinq à six premières semaines».

Alors d’accord, d’accord, j’avais totalement zappé le mot « résorbables » mais j’avais retenu la phrase « ceux-ci tomberont d’eux-mêmes dans les cinq à six premières semaines ». Et cette phrase veut bien dire ce qu’elle a l’air de dire, non ?

Moi je dis que oui : elle a l’air de dire que les fils vont se détacher tous seuls. Et tomber.

J’ai donc passé des semaines à attendre que tombent des fils qui s’étaient volatilisés depuis belle lurette.

Voilà le fin mot de l’histoire.

lundi 15 octobre 2007

Finalement, le désert ne me convient pas...

Je suis revenue.

Soudain je n’ai plus eu envie d’écrire. Et soudain j’ai eu envie de nouveau. Alors je suis revenue.

Soudain, je n'ai plus eu envie de me dire. Soudain, c’est devenu un effort. Un effort de plus en plus lourd. Les jours passaient et je n’écrivais pas. Les jours passaient et je m’en voulais de ne plus rien écrire. Même pas un adieu, ni même un au-revoir.

Ça faisait un moment que je me demandais quand j’allais clore ce blog. Je n’arrivais pas à me décider. Où devait se terminer ce chemin-ci ? Avait-il une fin, d’ailleurs ?

Les jours passaient et je ne décidais rien. Les jours passaient et je culpabilisais. Les jours passaient et, pour finir, j’ai arrêté de culpabiliser. J’ai arrêté de chercher une raison à ma perte d’envie. Je me suis dit que c’était la vie. Parfois on a envie et soudain, on n’a plus envie. Je me suis dit que ce blog devait peut-être s'arrêter comme ça, abruptement et sans crier gare.

Puis l’une des lectrices de mon blog s’est fait opérer par le docteur Foldès. Nous avions beaucoup correspondu avant sa décision. A l'approche de son opération,nous avons discuté au téléphone. Je suis allée la voir à la clinique, je l’ai appelée après son opération. Et de l’accompagner un peu sur son chemin m’a procuré une joie que je n'imaginais pas.

C’est là que j’ai compris ce qui m’avait rendue muette depuis le mois d’Août.

J’ai douté.

C'est fou, je sais, mais j’ai douté de l’efficacité de mon opération, j’ai pensé que j’avais peut-être couru après une chimère, que cette opération ne servait à rien, en fait. J’ai pensé que je m’étais bercée d’illusions, qu’en réalité, ça ne changerait rien à ma vie.

Je ne peux pas vraiment m’expliquer comment c’est arrivé, comment cette idée s’est frayé un chemin dans mon esprit.

Sans doute la réaction de mon ex-gynécologue y est-elle pour quelque chose. « Au fond, c’est juste esthétique, cette opération, non ? » m’a-t-elle dit. Elle n’a pas semblé intéressée par ma démarche, j’ai eu l’impression qu’elle l’avait trouvée grotesque. J’ai pleuré en sortant de son cabinet.

Sans doute la découverte que le docteur Foldès m’a dit la même chose qu’à nombre de ses patientes a-t-elle également pesé dans la balance. Ça m’a fait de la peine de penser que je n’étais finalement qu’un numéro parmi d’autres, une énième patiente à qui dire que son clitoris était superbe, une énième patiente à qui débiter un discours rôdé de longue date, selon l’étape qu’elle abordait.

J’en suis venue à croire que toute cette aventure n’avait aucun sens, que mon clitoris ne fonctionnerait jamais « normalement ». Qu’il fallait tourner la page et ne plus y penser.

Mais finalement, je n’en ai pas envie. Finalement, je me fous de la réaction de mon ex-gynécologue. Finalement, peu m’importe que le docteur Foldès dise la même chose à chacune de ses patientes. Finalement, il m’appartient de décider de la valeur de ce qui s’est passé le 16 Mai dernier.

Et j’ai décidé que ça avait un sens pour moi. Je ne me laisserai plus dépouiller de cette idée. Je ne permettrai plus qu’on la piétine allègrement. Et je ne la piétinerai plus moi-même.

En rendant son sens à ma démarche, j’ai retrouvé mes mots. Alors je suis revenue.


Merci à Fifitra qui, en me permettant de l’accompagner, m’a permis de retrouver mon propre chemin.

Merci à Moïra qui m’a envoyé un si gentil e-mail pour prendre de mes nouvelles.

Merci à vous qui vous inquiétiez de mon silence dans les commentaires de mon dernier post.

mercredi 22 août 2007

Sortie de l'eau

Je suis de retouuuuuur !

Mes vacances furent topissimes. Il y avait tout ce qu'il fallait: du soleil, des siestes, des balades, de grosses tranches de rigolade, des barbecues, de la légèreté, du romantisme, de l'insolite, des découvertes, tout quoi. Mes vacances furent excellentissimes et bien trop courtes. Elles m'ont fait beaucoup de bien.

Ayant obtenu la bénédiction du docteur Foldès le 4 juillet dernier, j’ai pu me baigner sereinement dans l’océan. Pas de picotement, ni de brûlure, ni rien du tout. RAS. Remarquez, je n'avais pas d'appréhension, vu que ma chère intimité était totalement cicatrisée, avait pris une taille discrète fort satisfaisante et s'était recouverte d'une couleur marron rassurante, avant que je quitte Paris. Autant dire que toutes les conditions étaient réunies pour que les vacances se passent bien.

En outre, pendant mon séjour estival, il y a eu un évènement majeur dans mon cheminement.

Le 15 Août est une date à marquer d'une pierre blanche.
Le 15 Août, ça a fait six semaines pile que j'appliquais, chaque matin, après ma douche, une noisette de JONCTUM sur mon clitoris et ses environs. Six semaines, c’était la durée de la prescription du docteur Foldès.

Et donc, le 15 Août, j’ai effectué mon petit soin du matin pour la dernière fois.

Je n’ai plus de soins à faire. C’est fini, terminé. Je ne suis plus convalescente.

Ca m’a fait bizarre, je le dis tout net. J’étais tellement habituée à appliquer des produits sur mon clitoris que j’ai été ébranlée, le matin du 16 Août, au sortir de ma douche, quand je n'ai pas eu à le faire. C'est vrai, si on ajoute aux six semaines qui venaient de s'écouler, les sept semaines de bétadine diluée quatre fois par jours, on obtient une vraie routine de la toilette intime. J'avais pris le pli. J’ai même hésité quelques minutes à prolonger de quelques jours l’application de JONCTUM, histoire d’être sûre. Mais n’ayant pas trouvé de quoi je voulais être sûre au juste, j’ai laissé tomber.

Je n’ai pas été déboussolée bien longtemps, ceci dit. J’ai très vite été très contente que la phase de cicatrisation soit terminée.

J’ai été contente, mais pas euphorique. Ma réaction lorsque j’ai réalisée qu’une page se tournait a été plutôt mesurée. Il s’agissait plutôt de satisfaction que d’une joie violente. Ca m’a fait plaisir, en fait. C’était un grand sourire, toutes dents dehors, plutôt qu’un gros cri de joie accompagnant des bonds dans tous les sens.

Le chapitre « opération » de ma reconstruction est pratiquement clos.

Pratiquement, seulement.

Parce que, rien n’étant jamais parfait en ce bas-monde, mes satanés fils ne m’ont toujours pas lâchée. Ils se sont un peu distendus, je sais maintenant très précisément où ils sont, je les sens, mais ils s’accrochent, ils s'incrustent même, ces saligauds. Et ça m’agace drôlement, là. En fait ça m’énerve à chaque fois que j’y pense.

Je leur laisse exactement deux semaines pour se rendre. Dans deux semaines, j’ai rendez-vous avec ma gynécologue et j’espère bien qu’elle m’en débarrassera.

Enfin bon, cette contrariété n’a pas porté ombrage à ma libido qui s’est épanouie au bord de la mer. J’en suis la première étonnée, mais j’ai maintenant bon appétit. Pourtant les sensations « de l’intérieur » ne sont pas encore là. Je ne sais pas, je retrouve le plaisir de faire l’amour sans craindre les foudres de la douleur. Mon homme en est ravi.

Vraiment, ces vacances m'ont fait du bien.

jeudi 2 août 2007

Les vacances... enfin!

Ceci est un micro-post.

Je voulais juste vous dire que je pars en vacances demain, pour une quinzaine de jours. Ne vous étonnez pas de mon mutisme bloguesque (en même temps, vu mon pauvre débit de ces derniers temps, ce n'est pas comme si c'était exceptionnel).

Bon, j'y vais, je fais le plein de soleil et d'océan, je bulle, je sieste, je roucoule, je rigole un coup et je reviens. Promis!

A très bientôt

lundi 30 juillet 2007

Auto-pression sexuelle

Les choses ont franchement évolué par ici.

Mon clitoris a rétréci. Littéralement. Finalement, je m’inquiétais pour rien. Au fil des jours et des applications de JONCTUM, il a régulièrement perdu en volume jusqu’à atteindre la taille discrète d’un bouton de rose.

En outre, il est maintenant entièrement brun, comme le reste de ma peau.

Et pour couronner le tout, les sensations douloureuses sont en voie de disparition. La seule zone encore sensible est située à l’avant, là où il y a les fils. Parce que oui, ces satanés fils sont toujours solidement en place. Ca m’agace drôlement d’ailleurs. Pourtant, pratiquement quatre semaines se sont écoulées depuis ma dernière consultation à la clinique Louis XIV et les fils auraient dû tomber il y a bien deux semaines.

Pfff…

Enfin, je patiente, je patiente. Je deviens une championne de la patience, même.

Malgré ces bonnes nouvelles, j’ai été assaillie par mille pointes de culpabilité ces dernières semaines.

Chacune de ces pointes me parlait de la frustration de mon homme. J’y pensais d’autant plus que mon clitoris était pratiquement cicatrisé, ce qui ne me laissait aucune excuse, aucune justification pour ne pas reprendre la question sexuelle là où je l’avais laissée.

Mon chéri me serinait qu’il préférait que je patiente, qu’il voulait attendre que je sois prête dans ma tête aussi. Et moi, je me sentais mal de le faire attendre.

Ca faisait si longtemps qu’on n’avait pas fait l’amour que j’avais du mal à le croire quand il me jurait qu’il ne m’en voulait pas de cette si longue abstinence. Sept semaines et demi d’attente sereine? Non, je n’y croyais pas une seule seconde. Je pensais qu’il disait ça par gentillesse, par amour ou que sais-je et qu’il m’épargnait son insatisfaction.

Il a dû me répéter encore et encore que, bien que faire l’amour lui manquait, il voulait que nous profitions tous les deux de nos ébats et que pour cela, il était prêt à attendre longtemps s’il le fallait. Il a dû le répéter parce que ça ne correspondait pas à ce que je croyais savoir des hommes.

Pour moi, un homme a envie de faire l’amour tout le temps. Et si sa partenaire est indisponible trop longtemps, et bien il s’en va voir ailleurs. Ca paraît simpliste mais il m’est apparu que c’est exactement ce que je pensais. Bien sûr, un homme amoureux patiente trèèèèèèès longtemps, mais quand même, ce que je crois, c’est que sans sexe, point de salut !

Alors plus de deux mois d’abstinence, c’est l’antichambre de la rupture dans mon esprit!

Il m’a fallu beaucoup de temps pour faire vaciller cette croyance. Et en attendant, je me fabriquais une petite angoisse dont il faudra que je parle à ma psy à son retour de vacances.

Ce que révèle cette peur d’être quittée pour défaut de sexe, c’est la prééminence du plaisir de mon homme dans mon esprit. Jusqu’ici, ses besoins, envies et son rythme ont plus nourri notre vie sexuelle que les miens. Ma libido faiblarde se contentait de peu et se nourrissait beaucoup de l’envie de lui faire plaisir.

En poussant le raisonnement plus loin, je dirais que j’étais « à la disposition » de mon homme. Ne pouvant lui faire plaisir pendant ma cicatrisation, j’avais la sensation de manquer à mon devoir, d’être prise en défaut.

Triste constat de la réussite complète de l’excision que j’ai subie : je suis une femme docile, sexuellement soumise au désir masculin. J’avais, et j’ai toujours, l’esprit braqué sur les besoins sexuels de mon homme, niant totalement les miens.

Ca me rappelle ma voisine de chambre à la clinique qui me disait que son mari, qui travaille en province, ne comptait pas revenir à Paris avant les six semaines de cicatrisation annoncées. Elle trouvait ça normal : «On ne peut pas faire l’amour alors bon… à quoi ça sert qu’il vienne?». Sur le moment, j’ai trouvé ça abominable. Ca m’a choquée, pour dire le vrai.

Et maintenant, je me rends compte que je pense comme elle, au fond.

Je suis convaincue que c’est une vision des choses qui découle du fait d’avoir été excisée et de la sexualité qu’on a ensuite, une fois adulte.

Ma docilité en matière sexuelle, ma subordination au désir masculin, voilà ce qui s’est lentement tricoté dans ma tête depuis mon excision.

Ca me fait monter les larmes aux yeux, cette idée. Ca me met dans une colère noire et en même temps, ça me rend triste.

Alors c’est tout ce que ma mère voulait pour moi? Que je sois soumise à un homme? Que je sois sa chose sexuelle? C’est cet avenir de femme-là qu’elle a choisi pour moi? Ou alors elle n’y a même pas réfléchi? Après tout, si elle est excisée elle-même, c’est peut-être des questions qui ne lui viennent pas à l’esprit tellement il lui semble normal de n’avoir aucune prérogative sexuelle quand on est une femme?

Je suis écœurée. Je n’ai même pas envie de les poser ces questions. Je n’en peux plus de découvrir à quel point l’excision est une tragédie pour ses victimes.

Je sens que j’ai encore bien du chemin à parcourir avant de m’épanouir. Des kilomètres, même. Le prix à payer pour réparer les pots cassés me parait lourd, très lourd. Purée, ça m’énerve à un point, ce constat!

Mon homme m’a proposé d’aller consulter un sexologue, dans quelques mois, « pour apprendre à bien faire l’amour ». C’est une bonne idée, je crois. Parce que même si nous avons repris nos ébats (pianissimo, cette fois, on a retenu la leçon) et que ça se passe relativement bien, je me rends compte que je ne sais pas, au fond, comment on fait bien l’amour…

jeudi 12 juillet 2007

A petits pas...

Entre mon clitoris et moi, la glace se rompt de plus en plus.

Avant, à l’époque de la Bétadine diluée, il y avait une compresse entre lui et moi lorsque nous nous rencontrions. Mais maintenant, mes toilettes intimes me en contact direct avec mon précieux organe, créant une nouvelle forme d’intimité.

Au début, j’étais très intimidée. Je le touchais à peine, très précautionneusement et en retenant mon souffle. Il revenait de loin et je ne voulais surtout pas l’ennuyer en insistant lourdement pour qu’il se dévoile.

Puis, les jours passants, comme je n’essuyais aucune rebuffade, je suis devenue plus familière avec lui. Ma timidité a alors cédé la place à une grande curiosité. J’étudie sa forme, j’explore les plis et recoins de ses alentours, j’évalue sa taille, j’essaie de le sentir « de l’intérieur », bref, je me promène dans la région en toute liberté.

Et c’est avec un plaisir mâtiné de soulagement que j’ai constaté dernièrement lors d’une exploration, que mon clitoris avait diminué en volume. Je le trouvais énorme, pour dire les choses franchement. Et ça m’inquiétait drôlement. J’avais peur qu’il reste comme ça, planté dans mon intimité comme un iceberg dans un lac.

Bon, je n’ai pas envie non plus qu’il devienne tout riquiqui, ça m’ennuierait, c'est sûr. L’idéal, en fait, ce serait qu’il garde sa taille actuelle.

Je ne sais pas si c’est la crème que j’applique tous les matins ou l’utilisation du savon de Marseille, mais son aspect a beaucoup changé cette dernière semaine. Non seulement il est plus petit, mais en plus, il change de couleur. Du rose vif, il est passé à un rose saumon très chic. J’imagine qu’il ne faudra que quelques semaines avant qu’il vire au marron.

En plus, maintenant qu’il ne prend plus toute la place, je vois ENFIN mes petites lèvres. Je suis rassurée. Je dirais même que je suis franchement ravie. Elles me paraissent plutôt jolies, toutes menues qu’elles sont. Et elles adoucissent l’aspect de mon sexe, je trouve.

Bon, comme un fait exprès, les fils ne sont toujours pas tombés. Ca m’inquiète un peu mais le docteur Foldès ayant parlé « des prochaines semaines », je patiente…

A l’annonce de toutes ces bonnes nouvelles et puisque nous avions la bénédiction du chirurgien, mon homme et moi avons tenté de nous remettre au sport en chambre, dernièrement.

Nous commençâmes en fanfare, heureux de refaire enfin l’amour.

Mais alors que les choses allaient bon train, je me sentais de plus en plus crispée. J’avais peur. Peur de blesser mon clitoris dans le feu de l’action, peur que mon homme me fasse mal en me caressant, peur d’avoir mal à cause des fils…

Alors, évidemment, ça n’a pas loupé : j’ai eu plus mal qu’autre chose. Au point d’interrompre les festivités.

Ca m’a fichu un sacré coup au moral, ces ébats catastrophiques. J’ai été triste toute la journée du lendemain. Triste, déçue et un peu découragée aussi.

Tout ça pour ça ?!

Sept semaines d’abstinence pour ça ??

Pfff….

Mon homme m’a consolée en me disant qu’on n’était pas pressés et qu’il me fallait sans doute un peu de temps pour me rassurer, pour ne plus avoir peur de me blesser.

Il a raison, je pense. Mais bon, il me reste quand même une petite déception sur le cœur.

Je croyais vraiment que j’étais prête.

Bon, c’est vrai que j’appréhende les frôlements imprudents avec mon clitoris. J’ai peur d’éprouver une douleur fulgurante ou quelque chose de sinistre dans le même genre en cas de contact trop abrupt.

Pourtant, il est bien moins désagréablement sensible. Avant-hier, je me suis même risquée à mettre un pantalon. Prudente, j’ai choisi un pantalon assez large voire trop grand pour moi, histoire d’être à l’aise. Ce n’est qu’à la fin de la journée que j’ai ressenti une gêne.

Pour l’heure, je suis revenue à mes chouchoutes, les jupes, mais je trouve l’essai prometteur.

Ma relation avec mon clitoris et sa cour n’en est qu’à ses balbutiements. Je fais le vœu que nous finissions, mon clitoris et moi, par nous entendre comme larrons en foire, et ce, dans un avenir très proche…

jeudi 5 juillet 2007

Hip hip hip!

Il pleuvait très fort mardi après-midi lorsque j’ai quitté Paris pour me rendre à ma seconde consultation postopératoire à la clinique Louis XIV. J’avais les pieds trempés et pourtant, j’étais d’humeur sereine. Dans le RER qui m’emmenait vers Saint-Germain-en-Laye, je n’éprouvais rien de particulier.

Pourtant, à l’approche de la gare, une tension irrationnelle m’a saisie. Alors que je cheminais vers la clinique, dans la ville ensoleillée, elle a grandi et a commencé à engourdir mes jambes.

Comme j’étais arrivée en avance, je me suis arrêtée dans un café, le même que celui où j’avais attendu l’heure de ma première consultation. La tension qui m’étreignait s’est alors muée en peur diffuse.

Ce qui me travaillait le plus, c’était l’idée que ma cicatrisation était peut-être trop lente et qu’il allait peut-être falloir que je revienne à Saint-Germain-en-Laye. Je n’avais pas envie de revenir. Pas avant longtemps, en tout cas.

Il y avait très peu de personnes dans la salle d’attente. Peu de personnes et pas de femmes noires. J’en ai été surprise mais je n’ai pas eu le temps de m’interroger car, à peine assise, j’ai aperçu le docteur Foldès qui se dirigeait vers sa secrétaire. Et curieusement, je n’ai pas été aussi saisie et troublée de le voir que les fois précédentes.

Je n’ai pratiquement pas attendu. Quittant le bureau de sa secrétaire, il est entré dans la salle d’attente et m’a appelée. C’est à ce moment-là que j’ai remarqué que ma peur avait reflué.

Dans son bureau, il a commencé par plaisanter sur ma guitare (j’avais un cours un peu plus tard dans la journée et je l’avais donc trimballée jusqu’à la clinique). Il était souriant et semblait d’excellente humeur.

Il a commencé par me demander à quelle date j’avais été opérée.

Il était en train de compulser un dossier multicolore portant mon nom quand un coup de fil l’a interrompu. Apparemment il s’agissait d’une femme qui voulait convenir d’une date d’opération. Il tournait les pages de son agenda et j’ai pu y voir que tous ses mercredis et vendredis étaient remplis de noms à consonance africain, entourés à l’encre bleue claire. Peut-être étaient-ce là les noms des femmes qu’il allait opérer ?

Après avoir tourné quelques pages, il a demandé à son interlocutrice de le recontacter à la fin du mois de juillet. Puis il a raccroché et m’a indiqué le fond de la pièce, où trônait sa table d’examen.

En se levant, il m’a demandé si ça coulait toujours. « Presque plus » lui ai-je répondu. « C’est normal. Ça ne va bientôt plus couler du tout » m’a-t-il assuré.

Après un rapide examen, il s’est extasié : « Parfait! Vous avez un magnifique clitoris! Bonne place, bonne taille et belle couleur. Il est par-fait ! Vous êtes contente ? ». « Oh que oui » ai-je répondu, toute fière. En vérité, j’étais plus que contente. Je me sentais à la fois ravie et drôlement soulagée que tout aille si bien.

« Vous n’êtes désormais plus une femme excisée ». Elle m’a fait monter les larmes aux yeux, cette phrase. Je considérais que je n’étais plus excisée depuis ma sortie de la salle d’opération mais l’entendre, là, de sa bouche à lui, ça m’a vraiment touchée. C’est comme s’il me libérait de quelque chose. Comme s’il m’absolvait.

Il m’a expliqué que la première partie de ma cicatrisation, la plus difficile, était terminée. J’allais maintenant aborder la seconde partie, celle qui rendrait sa sensibilité à mon clitoris.

Cette deuxième partie, m’a-t-il précisé, était au moins aussi importante que l’opération elle-même.

Et les bonnes nouvelles ont commencé à affluer.

Déjà, finies les toilettes à la Bétadine quatre fois par jour.

Youpiiiiiiiiiiiii!

Adieu, sac de nomade! Adieu, compresses stériles! Adieu, pissette! Notre histoire s’arrête là! Je suis libérée de vous!!

Désormais, et pendant six semaines, je ne dois faire que deux toilettes intimes par jour, une le matin et une le soir, avec de l’eau et… du savon de Marseille. Il a bien insisté sur le fait de n’utiliser ni gels intimes ni gel douche pour nettoyer mon clitoris et mes petites lèvres. Il m’a dit que le savon de Marseille était le seul nettoyant qui n’agressait pas les parties intimes.

Chaque matin (et uniquement le matin), après ma douche, il me faut appliquer sur mon clitoris et mes petites lèvres une noisette d’une crème appelée JONCTUM. Il n’en faut qu’un tout petit peu pour former une fine pellicule protectrice.

Cette crème miraculeuse va constituer une sorte de pansement, ce qui rendra donc « la zone opérée plus confortable » selon ses termes. En outre, elle va permettre à la peau de se reformer et de recouvrir mon clitoris. Enfin, l’application régulière de la crème va avoir pour effet de rendre sa sensibilité à mon clitoris.

Profitant d’un silence, je lui ai fait part de mon inquiétude à propos de mes petites lèvres que je ne voyais toujours pas. Il m’a expliqué que c’était normal, qu’elles étaient bien là, à la base du clitoris mais que ce dernier, qui n’avait pas encore sa taille définitive (excellente nouvelle, je le trouvais justement encore trop gros), les masquait quelque peu. En plus, elles sont assez petites, le procédé de reconstruction choisi étant de faire des injections dans les chairs qui avaient échappées au couteau de l’exciseuse. Je les verrai donc mieux (enfin si l’on peut dire puisque je n’ai jamais eu l’honneur de les voir) dans quelques jours.

Il a enchaîné en me déclarant qu’il m’avait rendu mon clitoris et que ce dernier m’appartenait. «C’est comme si je vous avais rendu un doigt ou votre nez, il fait partie de vous et, à ce titre, n’appartient qu’à vous». Il m’a expliqué que pour retrouver sa sensibilité, il ne me fallait compter ni sur les hommes ni sur qui que ce soit d’autre. « C’est à vous-même de trouver cette sensibilité en apprivoisant peu à peu votre clitoris».

Il m’a dit que les sensations désagréables que j’éprouvais actuellement en touchant mon clitoris allaient disparaître peu à peu dans les prochaines semaines et qu’il faudrait à peu près six mois avant qu’il soit complètement sensible de nouveau.

Je lui ai demandé quand je pourrais reprendre le sport et il m’a répondu que je le pouvais dès maintenant. Même la natation.

J’ai aussi posé la question pour les relations sexuelles. Et je peux les reprendre également dès maintenant. Il m’a dit que ce ne serait pas forcément agréable au début mais que ça serait déjà bien plus confortable. En plaisantant, il m’a demandé si mon homme était pressé. Quand je lui ai répondu que mon chéri voulait lui aussi attendre son feu vert avant de faire quoi que ce soit, il m’a répondu que c’était tout à son honneur.

Là, il y a eu un silence. Et puis je lui ai dit « Merci, docteur. Merci beaucoup ». Ma voix a vacillé pendant que je parlais. Je voulais lui expliquer précisément pourquoi je le remerciais, lui détailler ce « merci ». Mais rien n’est sorti, j’avais la gorge totalement nouée.

Il a opiné de la tête, silencieux et souriant…

En me raccompagnant à sa porte, il m’a dit, en me serrant la main « Bon maintenant, il s’agit de convaincre d’autres jeunes femmes de venir se faire opérer ! ». Je lui ai alors parlé de mon blog et de son sujet. Il m’a dit que c’était une bonne idée, que de lire le récit de femmes qui entreprennent de se faire opérer pouvait peut-être en inciter d’autres à sauter le pas.

C’est vraiment parce que j’ai pour règle de ne pas gazouiller d’aise en public que je me suis contentée de sourire. Parce qu’il m’a été extrêmement difficile de me retenir de ronronner de contentement, là.

«Vous pouvez écrire sur votre blog que je ne suis que médecin. Je ne peux pas pousser les femmes à subir cette opération. C’est un choix qui leur revient. À elles seules. J’accompagne, j’opère mais cette décision de rejeter cette coutume et de vouloir retrouver son corps leur appartient. Je ne peux pas la prendre à leur place » a-t-il ajouté.

«Bon et bien, on se revoit en décembre pour faire un petit bilan?». C’est sur ces mots et sur mon « Oui, d’accord» un peu étranglé par l’émotion que nous nous sommes quittés, le docteur Foldès et moi.

En allant payer ma consultation à sa secrétaire, j’avais un grand sourire. En m’asseyant en face d’elle pour faire mon chèque de 50 euros, je n’ai pas pu m’empêcher de m’exclamer que j’étais conteeeeeente!

Elle m’a demandé pourquoi et je lui ai expliqué que c’était parce que tout s’était parfaitement bien passé. En souriant, elle m’a dit « Vous en doutiez?»

En sortant, extatique, j’avais envie de faire des bonds de cabri. J’ai appelé mon homme et je l’ai noyé sous ma joie, le pauvre (il n’a d’ailleurs rien compris, il a fallu que je lui réexplique tout une fois rentrée).

Puis, alors que j’approchais de la gare, je me suis souvenue d’une question que je n’avais pas posée au docteur Foldès. Je l’ai rappelé et lui ai dit que, toute à ma joie, j’avais omis de lui parler de mes satanés fils qui ne sont toujours pas tombés. Il m’a répondu que c’était imminent, que ça allait arriver dans les deux prochaines semaines.

Yahouuuuuuuuuuuuuuuuuu !

Dieu que j’étais contente.

J’ai, depuis cette consultation, une impression de légèreté incroyable. Dans ma tête, il y a de la musique entraînante en permanence.

Ca ressemblerait à ça le bonheur, que je ne serais pas étonnée du tout!

vendredi 29 juin 2007

Bilan des six semaines

Mercredi, ça a fait six semaines que j’ai été opérée. L’heure est venue de faire un petit bilan.



Douleurs : 1/10


Ma période de souffrances post-opératoire est loin derrière moi. Elle n’a finalement duré qu’une dizaine de jours. Ensuite, pendant deux ou trois semaines, il y a eu les tiraillements et un sérieux inconfort quand je restais debout trop longtemps, voire une douleur diffuse mais bien présente si vraiment je poussais le bouchon trop loin.

Mais bon, ça ne m’est pas arrivé plus d’une fois ou deux (j’apprends très vite à me ménager quand l’alternative implique de souffrir). Enfin, il y a eu la détestable période de repousse des poils. J’ai eu furieusement envie de me gratter durant une semaine à peu près.

Mais maintenant, la guerre du mal physique est terminée. J’ai étrangement presque oublié ce que ça faisait.


Alléluia.


Cicatrisation : 8/10


Mon clitoris est toujours bien rose.

En revanche, toute la zone autour a retrouvé une couleur normale. L’ensemble de mon intimité a d’ailleurs dégonflé et n’est pratiquement plus sensible.

En parlant de sensibilité, contrairement à ce que je croyais, je ne sens pas encore mon clitoris «de l’intérieur». Je n’ai plus mal, je le sens «de l’extérieur» quand je croise les jambes, mais c’est tout pour l’instant. Je patiente, je patiente.

Je continue à faire des toilettes intimes avec de la Bétadine diluée. Le plus souvent, c’est 4 fois par jour mais il m’arrive de plus en plus souvent d’oublier la séance de fin d’après-midi et de me cantonner à 3 nettoyages.


Normalement, ce traitement devrait être modifié la semaine prochaine. J’ai rendez-vous avec le docteur Foldès et il m’a dit qu’il me prescrirait une crème pour parachever la cicatrisation. J’espère qu’il n’y aura plus autant d’ablutions intimes à faire, parce que j’en ai assez, là.


Les fils ne sont toujours pas tombés. Ils vont s’incruster dans mes chairs si ça continue, j’en suis sûre.


L’autre grande contrariété que j’éprouve, c’est que je ne distingue toujours pas mes petites lèvres. Soit je suis plus que nulle en anatomie féminine (et pourtant je me suis documentée), soit il y a un problème et elles sont encore trop gonflées. Du coup, la peau étant tendue, elles se fondent dans les grandes lèvres et c’est pour cela que je ne les vois pas. Enfin, c’est la théorie que j’ai élaborée ce matin. Verdict la semaine prochaine.


Démarche : 9/10


J’ai retrouvé ma démarche. J’irai même jusqu’à dire qu’elle est plus féminine, vu que mettre des jupes me fait remuer du popotin. En réalité, j’aime de plus en plus ça, me balader en jupe ou en robe. Je m’habitue de plus en plus à l’aspect de mes jambes (leur joliesse doit dépendre du point de vue. Vu de ma fenêtre, elles sont un peu bof, mes jambes, quand même). J’irai presque jusqu’à dire que j’aime ma silhouette en jupe…


Seulement, si j’ai retrouvé ma vitesse de croisière lorsque je marche, je ne cours pas encore vraiment. Je n’ose pas y aller franco et je me contente de trottiner précautionneusement. Même sous une pluie battante. C’est dire à quel point j’ai peur de me faire mal. Il va pourtant bien falloir que je me lance un jour, mais pour l’heure, j’ai la frousse.

Moral : 7/10


J’ai des hauts et des bas. Pas d’euphorie ni de grosse déprime mais bon, mes démêlées avec mes parents ont laissé des traces. Ca fait 3 semaines que je ne leur ai pas parlé et je n’en ressens pas du tout l’envie, là. Je suis comme blasée. J’ai besoin de mettre cette distance entre nous. Mais je ne sais pas jusqu’à quand et ce qu’il y aura au bout.

Du côté de ma thérapie aussi, j’ai mis mes parents de côté. Il me faut le temps d’assimiler ce qui s’est passé ces derniers temps. En ce moment, je travaille sur les mythes que je me suis construit pour maintenir mon estime de moi-même à flot. J’en suis à un stade où elle n’a plus besoin de ces bouées et il faut que je m’en défasse. C’est drôlement difficile, je trouve. Parce que j’ai peur de ce qui se passera quand il me faudra avancer sans ces béquilles. C’est comme lorsqu’on enlève les petites roues au vélo d’un enfant…

Avec le recul, je réalise l’aide inestimable qu’a été la possibilité de mettre des mots sur ce que je ressens. Chez ma psy, bien entendu. Et aussi ici, sur ce blog. Je crois vraiment que j’aurais pu m’empoisonner en n’élaborant pas toutes ces choses qui m’ont traversées par le passé et encore maintenant…



Sexe : 3/10


Je m’inquiète de plus en plus par rapport à la reprise, imminente j’espère, de ma vie sexuelle. Ca nous manque, à mon homme et à moi.

Mais j’ai très peur que le méli-mélo corporel me fasse mal. Déjà, le frottement contre mon clitoris me glace d’effroi. Vu l’effet que me fait un pauvre jean, je n’ose imaginer ce que la peau et les mouvements de mon chéri pourraient causer comme douleur. En fait, pour l’heure, j’associe tout contact avec mon clitoris à une idée de douleur intense.

A la limite la pénétration me fait moins peur, vu qu’il y a des positions qui permettraient qu’il n’y ait pas trop de frottement avec mon clitoris. Mais même là, j’appréhende beaucoup.


Je crois que j’ai, en outre, besoin du feu vert du docteur Foldès avant de me lancer. Je veux être sûre que je ne cours aucun risque sur le plan médical. Je ne veux pas avoir de complications ou je ne sais quoi de désagréable et que j’aurais pu éviter en ne batifolant pas à tort et à travers.


Forme Physique : 6/10


Je ne sais pas si c’est lié, mais je suis épuisée. Franchement crevée même. C’est simple, je me traîne. C’est comme si, après une tension soutenue, je m’étais relâchée et que j’accusais le coup. J’ai tout le temps sommeil et je m’endors dès que je suis allongée. Vivement les vacances…



Sport : 0/10


J’en suis la première étonnée mais mes séances (sporadiques, je l’avoue) de piscine ou de jogging me manquent.

Pourtant, j’attends de voir le docteur Foldès avant de reprendre mes activités. Je ne veux pas retourner à la piscine et chopper une horreur qui m’obligerait à suivre un traitement pendant encore de longues semaines.



Arrêt du tabac : 6/10


J’ai craqué.

Plusieurs fois.

C’est nul, je sais, je sais.

Je crois qu’avant l’opération, j’avais trop peur que le fait de fumer puisse nuire à ma reconstruction (ça pouvait entraver la cicatrisation) et je me tenais à carreau.


Maintenant que j’ai été opérée et que je ne suis pas morte sur la table, je n’ai plus d’épée de Damoclès suspendue au dessus de la tête.


Alors bon, à l’occasion de fêtes, j’ai fumé une ou deux cigarettes, bêtement, dans la liesse du moment.

Ensuite, j’ai racheté un paquet que j’ai entièrement fumé.

Ce n’est pas bien du tout, je sais, je sais.

Je suis toute contrite. Je vous assure que je me flagellerais si je n’avais pas ce petit problème d’intolérance à la douleur. J’ai honte. Et encore plus depuis le regard déçu que m’a lancé mon homme quand il m’a prise sur le fait.


Je suis patchée de nouveau depuis quelques jours, je ne veux pas retomber dans cette addiction.


Surtout que je me demande si ça n’explique pas le fait que ma cicatrisation n’est toujours pas finie après les 6 semaines prévues.

lundi 25 juin 2007

Mes amies les jupes

Hier soir, j’ai réalisé quelque chose d’insensé.


En 40 jours, je n’ai pas porté de pantalons. Enfin, si je ne compte pas le bas de pyjama large avec lequel j’ai passé un ou deux dimanche, je n’ai porté AUCUN pantalon en 40 jours.

Je n’ai porté que des jupes pendant plus d’un mois. Tous les jours ! N’est-ce pas complètement fou ça ?

Ca ne m’était pas arrivé depuis tellement longtemps que je ne me souviens pas de mon précédent record. C’est dire à quel point ce qui m’arrive est révolutionnaire.


Et en plus, je me sens normale.


Bien évidemment, pour l’adepte inconditionnelle du pantalon que je suis, les choses ne sont pas déroulées sans douleur.


Au début de ma convalescence, c’était simple, je n’étais que douleur et souffrances. L’extrême sensibilité de ma zone génitale me rendait méfiante envers tous les habits moulants de ma garde-robe et encore plus les pantalons. Je ne voyais que mon confort et mon bien-être n’était possible qu’en jupe. Déjà que j’avais mal, je n’allais pas en rajouter en me saucissonnant dans un pantalon.


Ca a duré le temps de mon arrêt de travail. J’étais chez moi, mes jambes nues me donnaient l’impression d’être en été, au bord de la mer.


Lorsque j’ai repris mon travail, j’ai voulu remettre des pantalons, comme à mon habitude, d’autant que la douleur et même les tiraillements n’étaient plus que de vagues souvenirs et que les picotements qui me restaient ne me gênaient plus.


Seulement, j’ai imaginé les ravages que pourraient causer le frottement de l’entrejambe de mes pantalons sur mon clitoris en cours de cicatrisation et j’ai frémi.


Alors j’ai dérogé à toutes mes valeurs vestimentaires et j’ai décidé de poursuivre ma cure de jupes.


Debout devant ma penderie, j’ai découvert plusieurs choses.

D’abord, je n’avais pas beaucoup de jupes, à peine une dizaine. Et sur cette dizaine, très peu convenaient à mon environnement professionnel. Moi des jupes, je n’en achetais que pour buller l’été. Je n’ai même pas de tailleur, c’est dire à quel niveau je me situe.


Je passe sur le constat humiliant du nombre conséquent de jupes qui ne m’allaient plus. Vu que je ne les portais que rarement, et encore l’été, je ne me rendais évidemment pas compte qu’elles rétrécissaient (ma théorie est qu’une jupe qu’on ne porte pas est une jupe malheureuse. Et tout le monde sait qu’une jupe malheureuse rétrécit).


J’ai dû faire appel aux quelques robes de ville que je possède pour étoffer la pile des jupes mettables et pour ne pas porter la même chose tous les 3 jours.


Ensuite, j’ai réalisé à quel point il était dur de perdre mes automatismes. Combien de fois ai-je ouvert sereinement mon placard de gauche et saisi un pantalon en chantonnant avant de réaliser que ça n’allait pas être possible ? Combien de fois ai-je perdu le fil de mes idées devant mon placard de droite, toute troublée de n’y voir aucun pantalon ?


Très honnêtement, j’ai lutté pour me défaire de ce que j’ignorais être une addiction jusqu’à ce que je me trouve confrontée à cette nécessité de snober, pour un temps, mes pantalons adorés. Ca n’a pas été simple.


En plus, il a fallu que je revoie ma stratégie d’épilation puisque je ne pouvais plus cacher mes jambes.


Je bénis le hasard qui a fait que mon opération a eu lieu au printemps et non pas en hiver. Ainsi, je peux faire l’impasse sur les collants, bas et consort (d’autant que je suis épilée en permanence). Je ne sais pas pourquoi, ou plutôt si, je sais pourquoi, mes collants ne survivent pratiquement jamais à une rencontre malencontreuse avec mes ongles. Si je me faisais des manucures un peu plus souvent aussi, mes ongles seraient moins déchiquetés et mes collants auraient la paix.


Mais bon, c’est l’été alors pas de collants. Même si parfois, par grand vent ou par temps de pluie, j’ai froid, voire très froid. Ce n’est pas trop grave car, voyez-vous, j’habite à Paris. Ce qui implique que le temps que je passe à l’air libre est plus que limité (vive les transports en commun). Alors je serre les dents, mon pull et mes jambes et je hâte le pas. Et le froid est supportable.


En plus, il y a ces regards flatteurs. Je n’avais jamais réalisé à quel point on pouvait avoir du succès en jupe. Même avec des cernes, plein de boutons (vive le printemps) et même pas de décolleté. C’est plutôt agréable, je dois dire.


Mon chéri approuvant très lourdement ma décision de porter des jupes, j’envisage d’en acheter un paquet pendant les soldes.


Mon Dieu, je ne me reconnais plus.


C’est fou l'effet que me ça me fait. Parce que forcément, ça adoucit de porter une jupe. En tout cas, ça a un effet drôlement calmant sur moi. Je n’étais pas masculine au départ, loin s'en faut même, mais à la vitesse à laquelle je m’habitue aux jupes, je vais me transformer en femme fatale sans avoir eu le temps de dire ouf. Si ça se trouve, je vais bientôt me passionner pour les chaussures à talons.


Mon Dieu!


Enfin bon, ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est que ce n’est pas si difficile de porter des jupes, finalement.

Toutefois, le naturel revenant au galop, même si on l’envoie paître, j’ai essayé mon jean le plus large hier soir. Juste histoire de faire un point sur mes possibilités vestimentaires.


Ca a fort bien commencé. Je suis arrivée à fermer les boutons et à faire plusieurs pas sans aucun problème.


Ce n’est qu’en m’asseyant que je me suis rendue compte que je n’étais pas près de remettre mes jeans chéris. Ils ne sont toujours pas du tout bien vécus par ma zone en convalescence. Qui s’est empressée de protester par un douloureux inconfort. Après ça, même debout, le charme était rompu. J’avais envie de tirer sur l’entre-jambe de mon jean et même de le tenir comme ça en permanence, entre deux doigts. Malheureusement, ce n’est pas classe du tout et en plus, ça occupe une main à plein temps.


Je suis donc sagement retournée à mes jupes.


Je vais patienter encore un peu, en espérant que je ne vais pas attraper une bronchite, une laryngite ou je ne sais quoi, à me promener comme ça, les jambes nues alors qu’il ne fait même pas 20 degrés…