mardi 12 juin 2007

Qui ne dit mot consent-il?

Ce week-end, je suis allée chez mes parents avec une mission.

J’avais résolu de leur faire part de ma colère contre eux. C’était l’occasion ou jamais : on se revoyait pour la première fois depuis mon opération et on allait passer 48 heures ensemble, juste eux et moi.

Et bien j’ai échoué. Dans les grandes largeurs.

Je ne leur ai rien dit de ma colère.

Je savais qu’il y avait de grandes chances que je flanche (mes pensées en forme de « Il faut absolument que je leur parle » n’auguraient rien de bon) mais j’étais résolue à au moins aborder le sujet à un moment ou un autre.

Sauf que je ne l’ai pas fait. Je n’ai pas pu le faire.

Je ne leur ai rien dit de ma colère.

Je ne me comprends pas. Loin d’eux, je bouillais de rage, je me disais qu’ils n’avaient pas été à la hauteur, qu’ils ne m’avaient pas protégée et que je me devais de leur dire à quel point je leur en voulais pour ça. J’avais mal à la gorge et je n’en dormais pas quand j’y pensais. Arrivée chez eux, ma colère s’est comme mise en sourdine.

Les mots ne me sont pas venus. Je n’ai pas trouvé d’occasion de me dire.

Je ne leur ai rien dit de ma colère.

C’est sûr qu’après 31 ans d’obéissance aveugle, il était vain de croire que j’allais pouvoir provoquer une grande explication à cœur ouvert comme on claque des doigts. Mais quand même !

Je ne leur ai absolument rien dit de ma colère !

Mon père a été très chaleureux. Il m’a beaucoup parlé de choses et d’autres. Quant à ma mère, elle a été aux petits soins tout le week-end. Ils ont paru très contents de me voir. Ils m’ont vraiment bichonnée.

Mais ça n’a pas suffit pour me lancer.

Je ne leur ai rien dit de ma colère.

Pourtant, j’ai noté le regard étrange que posait ma mère sur moi quand elle pensait que je ne la voyais pas. J’ai remarqué qu’elle s’est soigneusement cantonnée à l’aspect pratique de mon opération (« Tu fais bien tes soins ? Tu es sûre ? »). J’ai constaté la gêne manifeste de mon père en ma présence. J’ai bien vu que tous ses mots n’étaient que bavardage superficiel, comme pour ne pas laisser de blanc. Comme s’il craignait ce qui pourrait naître du silence.

J’avais l’impression qu’ils se dérobaient, qu’il fallait que je les agrippe et que je leur hurle « Mais purée, regardez-moi ! Laissez-moi donc de l’espace, que je vous dise ma colère contre vous ».

Et ça me coûtait de leur courir encore après. Ca m’humiliait d’être obligée, une fois encore, de m’ouvrir les tripes pour qu’ils y jettent un regard inexpressif avant de retourner dans leur monde où tout va pour le mieux et où mon opération n’est plus qu’une anecdote.

Ma psy m’a dit hier que, peut-être, la « grande moi » n’avait plus rien à leur dire, alors que la petite fille qui est en moi attendait toujours des excuses. Je ne sais pas si c’est ça mais quand elle m’a suggéré cela, j’ai compris que c’était cette petite en moi que j’avais cruellement déçue. Elle a souffert le martyre, personne n’est venu lui demander pardon ni la consoler et, ce week-end, « la grande moi » a reculé. Elle a flanché, elle n’a pas souligné l’injustice que la « petite moi » a subie. Elle l’a laissée tomber.

Purée mais pourquoi les choses sont-elles si dures à dire ? Pourquoi est-ce donc à moi de faire tout ça ? pourquoi mes parents n’ont-ils rien dit, ce week-end ?

Le déni de responsabilité possible dont parlait ma psy hier n’a pas vraiment suffi à me consoler.

Je ne leur ai rien dit de ma colère.

Je suis peut-être de ceux qui tendent l’autre joue après qu’on leur a massacré la première. Je suis peut-être lâche après tout…

Pourtant, ce week-end, je n’ai pas éprouvé de peur. Face à mes parents, je me suis sentie adulte. Je ne suis pas entrée dans le bavardage vide de mon père (j’ai même été étonnamment silencieuse). Je n’ai pas joué à la petite fille adorée et toujours d’accord de ma mère. Je leur ai même fait part de mon projet d’acheter un appartement avec mon homme, de ma décision de ne pas me marier et d’avoir quand même des enfants, ce qui est énorme quand on pense à la société traditionaliste dont je suis issue.

C’est un grand pas en avant, ma psy a raison. C’est la preuve que je deviens adulte face à mes parents, que je m’autodétermine.

Oui, d’accord.

Mais alors si je suis adulte et que je n’ai plus peur d’eux, pourquoi n’ai-je rien dit ? Pourquoi n’ai-je pas pu profiter du trajet en voiture avec mon père qui me ramenait à la gare dimanche pour lui en dire un peu plus sur ce « mieux-être psychologique » que, dans ma lettre, je disais espérer et sur lequel il m’avait interrogée ?

Pourquoi rien ne s’est passé ?

J’aurais voulu dire à mon père que j’espérais enfin être digne de tout : de respect, d’estime et d’amour. J’aurais voulu lui dire que j’espérais tuer enfin cette petite voix qui me souffle de temps en temps que j’ai peut-être été excisée parce que je n’étais pas quelqu’un de bien. Comme une punition à l’avance. Comme si les souffrances qui en ont résulté m’ont conduite à être quelqu’un de meilleur. J’aurais voulu lui dire que je croyais quand même être quelqu’un de bien à la base.

Sauf qu’aucune de ces paroles n’a franchi mes lèvres. Aucune.

Je ne leur ai rien dit de ma colère. Rien de rien.

Rideau sur mon prétendu courage de soldat…

17 commentaires:

Fyfe a dit…

Peut-être aussi qu'être adulte, c'est accepter que ses parents soient des êtres imparfaits qui font des erreurs et qui refusent de l'admettre ?
Je comprends que ce soit dur à avaler de ton côté en tout cas...
(et je rappelle que je suis à un niveau proche de zéro dans mes relations avec mes parents, donc dans le genre bonne conseillère, je suis une mauvaise pioche ;-) )

Tellinestory a dit…

Parce que peut-être, tu as senti que les personnes réelles en face de toi n'étaient déjà plus les mêmes que ceux qui avaient fait-ou laissé faire cette mutilation il y a si longtemps.
Peut-être que tu as vu deux personnes aux prises avec leurs propres questions sur leur responsabilités-même si cela passe par des voies détournées- et que tu as décidé de les laisser cheminer avec cela comme tu as cheminé avec ta propre colère.
Mais non, ce n'est pas parce que tu n'as dit mot que tu consens. Tu viens d'en donner la preuve éclatante.
Ceux qui ont consenti, c'est eux- et les mots qui n'ont pas été dits pour s'opposer à cela reste leur poids à eux, pas le tiens.
Bon, comme ce serait simple si tout cela tenait dans une bise que je t'envoie... les mots, c'est balourds aussi parfois.

Anonyme a dit…

C'est intéressant ce que te dit ta psy sur ton grand et ton petit moi.
Ma réaction face à ton post est que je réagis de la même façon face à mes parents. Moi aussi je suis souvent déterminée à leur dire ma rage, mais quand je les vois, rien ne sort, je suis d'un détachement qui m'étonne moi-même.
Il reste la solution de leur écrire, comme tu l'as déjà fait pour l'annonce de ton opération, cela peut peut-être servir d'amorce pour une discussion de vive voix comme tu le souhaites?

Hmmm... je ne sais vraiment pas quoi te dire... ce serait si simple si nous étions capables d'une vraie colère bruyante et fracassante qui nous dominerait et nous propulserait loin de ce terrible silence de mots!

Cornélie a dit…

Chère Papillon,
Ne sois pas trop dure avec toi-même!
Une confrontation est très difficile à vivre, surtout quand on ressent des sentiments ambivalents, d'amour filial, de colère, de tristesse... Tu avais tout autant besoin d'être '' bichonnée '' par tes parents après l'opération que tu as subie!
J'ai retrouvé quelques conseils donnés aux victimes d'inceste qui souhaitaient une confrontation avec leurs familles (ou un seul membre ):
Bien réfléchir aux buts que l'on se fixe, écrire à l'avance ce que l'on va dire, se donner rendez-vous dans un lieu neutre, (ou dans le bureau de la psy et accompagné d'elle )... si on le souhaite, travailler la confrontation en '' jeu de rôle '', pour ne pas être complètement submergé par la colère, et anticiper les différentes réactions ...

Tu nous parais toujours autant courageuse, et nous sommes de tout coeur avec toi! ;-)

...J'espère que j'ai fait moins de fautes d'orthographe que d'habitude! ;-)

Nono & Thomas a dit…

Coucou Papillon !

Tu ne devrais pas être aussi sévère avec toi.
En te lisant, ça m'a fait penser à moi quand j'étais petite fille. D'ailleurs des fois je me comporte encore ainsi avec mes parents.
Je me souviens que quand je devais leur dire un truc important ou leur demander qqchose, je n'osais pas. Dans ma tête je me disais "Bon à 3 je leur dis" et puis je comptais jusqu'à 3 et je ne disais rien.
J'avais peur de leur réaction ou de leur refus. C'est comme si en toi il y avait encore la petite fille qui a été excisée et qui veut crier sa colère. Mais forcément une petite fille a dû mal à crier face à ses parents et à l'autorité qu'ils représentent. C'est peut-être cette petite fille la aussi qui est en colère.
Même si tu es adulte aujourd'hui, ça n'efface pas la douleur que tu as subie étant petite. Ça te prendra du temps, mais tu y arriveras j'en suis sûre avec bcp de travail sur toi.
Je t'embrasse très fort et je suis de tout coeur avec toi. Tu es adulte aujourd'hui et tu es en droit d'exprimer ta colère, ta colère d'adulte et celle de la petite fille que tu étais.
Bises
Nono

Anonyme a dit…

Bonjour,

peut-être aussi (tu trouveras peut-être dans nos interprétations une qui te conviendra ?) parce que tu as violemment envie qu'ils fassent, eux, un pas ? Qu'ils t'expliquent ouvertement les choses, come on parle à une adulte.

Peut-être que simplement, pour pardonner, il faut d'abord qu'on te le demande ? Tu ne peux pas accorder un pardon à qui ne le demande pas (n'a pas l'air de le demander)? Et tu attends un geste de leur part, et tu as l'impression que tu n'as rien, ce qui est terriblement frustrant et décevant. Peut-être que leur manière d'agir t'a paru très hypocrite, et que tu attends mieux que ça de la part de tes parents ?

Il n'y a pas de honte à avoir pour toi, c'est sans doute la partie la plus difficile à gérer, la partie la plus douloureuse.

bisous,

papillon a dit…

Je pense que tu as raison Fyfe, il va bien falloir que j’accepte que mes parents peuvent refuser de reconnaître ce mal qu’ils m’ont fait (le fameux déni de responsabilité dont parle ma psy), mais la digestion est franchement ardue, là… Et pis bon, si tu me trouves une bonne conseillère en relations avec les parents, je te donne 10000000 euros (vu que, si on élimine les psys, ça ne court vraiment pas les rues selon moi) 

Anita, je suis interpellée par les mots « personnes réelles » que tu emploies. Il y a une semaine, je parlais de « faux parents » à ma psy quand j’essayais de lui décrire comment je percevais mes parents. Je me demande si effectivement, il n’y a pas une rupture entre ceux qu’ils étaient autrefois et ceux qu’ils sont maintenant. Et je me demande s’ils ne dépensent pas une énoooorme énergie à maintenir cette rupture.
Tu vois, quand j’ai écris ce texte, je pensais à moi quand je me demandais si qui ne dit mot consent. A la grande moi en fait. Et puis en lisant ton commentaire, j’en viens à m’interroger sur mes parents. J’ai cette crainte que leur silence puisse être un aveu du fait qu’ils ne sont pas forcément convaincus d’avoir mal agi…

Oh oui, Elté, l’expression de la colère est le précieux objet d’une quête que j’ai entamé il y a bien longtemps et manifestement, j’ai encore de la route à faire. J’espère que tu es plus près du but que moi. Parce que c’est fatiguant à la fin de porter ses mots en soi. J’ai parfois peur de m’empoisonner avec…

Mille mercis pour tes conseils Cornélie. Effectivement, il y a cet indéracinable amour filial qui brouille les signaux et rend les choses bien plus compliquées. Et puis ma psy m’a également dit qu’elle était persuadée que ça se passerait très différemment si nous n’étions pas dans le « territoire » de mes parents. Mais ce que je réalise en lisant ton mot, c’est que je ne suis pas encore bien fixée sur ce que je veux leur dire. Pour l’heure, ce sont peu de mots et un grand cri informe… Il faut sans doute que ça mûrisse…

Ah bon, tu fais des fautes d’habitude ? Je n’ai pas remarqué. Si ça peut te consoler, j’en fais des tas aussi mais je peux passer en coulisse pour les éradiquer dès que je les vois (hé hé hé ! Ni vue ni connue)

Coucou Nono ! C’est exactement ça : Je pourrais, je pense, exprimer de la colère (au moins à ma mère ) mais je crois que c’est la petite en moi qui a toute cette colère accumulée à exprimer. Et là, je ne peux m’empêcher de me juger un peu quand même : la grande moi ne dit toujours rien. J’espère que le temps te donnera raison et qu’un jour je pourrai exprimer ces colères d’adulte et d’enfant.

Oui Moïra, chacun son tour à la fin. C’est toujours moi qui vais vers eux, j’aimerais qu’eux aussi prennent un peu leur courage à deux mains et viennent vers moi un peu. En plus, déjà que j’ai du mal à envisager qu’un jour je puisse leur pardonner, s’ils ne me le demandent même pas, ça devient carrément utopique. Le truc c’est que, mince alors, c’est EUX qui sont responsables du mal qu’on m’a fait et c’est moi qui douille. Je n’en reviens pas. Normalement les choses ne sont pas censées se passer comme ça. Et comme bien entendu, dans la vie, rien ne se passe comme il faudrait, et bien je suis déstabilisée et mes mots me restent collés dans la gorge…

Anonyme a dit…

Moi aussi, je trouve que ce que t'a dit ta psy est très intéressant.
Ce que tu racontes de l'attitude de tes parents montre qu'ils sont embarrassés. Si ça se trouve, ils voudraient bien te demander pardon, mais ils ne savent pas trop comment s'y prendre.
Ce qu'on t'a fait, ce n'est pas rien. Ta mère le sait, puisqu'elle-même est certainement excisée aussi. Mais elle ne sait pas exprimer ce qu'elle ressent. Pour ton père, ce doit être encore plus difficile, les hommes ne sont pas dans la parole.
Mesure tout ce travail que tu as fait sur toi, ce travail de réparation, physique aussi bien que moral et qui t'a amenée là où tu es. Eux, ce sont encore les parents de la petite fille d'autrefois, celle qu'ils n'ont pas su protéger et à qui ils n'arrivent pas à parler.

Je ne pense pas le moins du monde que tu n'as pas hurlé ta colère parce lâcheté, mais que tu es sacrément courageuse au contraire.

Tu as le courage de leur laisser le temps d'évoluer.

Je pense aussi à la chance que tu as de savoir, de pouvoir, d'avoir besoin de parler, de t'exprimer, alors qu'eux finalement, vivent dans le silence, j'allais dire dans le déni, mais en fait, d'après ce que tu dit, ils ne sont plus dans le déni, plutôt dans l'incapacité de s'exprimer.

Tu es bien un papillon qui a su déployer ses ailes. Eux, les pauvres, ils ne savent pas comment faire.

Cornélie a dit…

Bonjour Papillon,
Ce qu'écrit Claude (sur le fait qu'on ne puisse pas parler des maltraitances que l'on a subi enfants ), me rappelle les écrits d'Alice Miller, tu connais?

Je te mets son site:
http://www.alice-miller.com/index_fr.php

Pour elle, pour survivre aux sentiments de douleur, de terreur, d'humiliation et de trahison ressentis lors des faits, ( et puisse qu'on nous ment en disant que: '' c'est pour ton bien '' ), on doit '' geler '' toutes nos émotions profondes.
C'est très difficile ensuite, en tant qu'adulte, de retrouver une vue objective sur les évennements passés... si on la retrouve, c'est souvent qu'il y a eu sur notre chemin, une personne qu'elle appelle le '' témoin éclairé '', qui va nous aider à remettre en question le dysfonctionement familiale, ( ou de société) et nous aider à renouer avec nos émotions ...

Ces livres sont supers, et il y a quelques articles sur son site.

Anonyme a dit…

Chère Papillon,
ma situation n'est pas comparable à la tienne, et ma colère, j'essaie de la ravaler finalement.
Je réagis à ce que dit Claude: les parents ne savent pas s'y prendre. Ma mère part du principe qu'elle et mon père nous aiment (mon frère et moi) plus que tout au monde. Leur maladresse (ce mot est difficile à appliquer dans ton cas car il est trop faible), ne doit pas compter face à l'amour qu'ils nous portent.
Je trouve cela très énervant à entendre, mais quand elle me prend par les sentiments je fonds systématiquement.
Pour ma mère donc (je me demande si ce n'est pas l'éducation asiatique qui ressort), la colère envers les parents est mauvaise, alors que je pense, moi, qu'elle me ferait du bien si j'arrivais à la faire exploser.

Tes parents visiblement cherchent un moyen de réconciliation, même si tu ne leur as pas encore exprimé ta rage. Je serais eux, j'aurais peur de toi, car par leur inattention ils t'ont fait un mal énorme dont ils sont conscients (en doutes-tu?), et puis aussi parce qu'après toi, il y aura ta soeur à affronter, peut-être.

Au fait, penses-tu que ta mère a été excisée d'après ce qu'elle t'a dit sur les traditions de son village? Espérons que non.

Anonyme a dit…

Moi je te trouve toujours aussi courageuse, ça n'y change rien du tout.
Le temps ne presse pas tout à fait, tu pourras leur en parler plus tard.
Bisous

papillon a dit…

Claude ! Je suis ravie de ton retour !
Mes réflexions m’ont menée vers ce que tu dis, à savoir que moi je m’exprime alors qu’eux s’enferrent dans leur silence. Je ne sais pas si je leur laisse vraiment le temps d’évoluer. Disons que j’ai décidé que j’en avais assez fait, là. J’arrête d’essayer à toute force d’établir un canal de communication entre nous pour qu’ils puissent me demander pardon. Je vais consacrer mon temps à la découverte et à l’appréciation de ce que je deviens et de mon cher clitoris retrouvé. Je me dis que c’est eux qui perdent là une occasion de se rapprocher de moi…

Cornélie, ma psy m’avait donné un livre d’Alice Miller à lire, « L’enfant sous terreur ». En cherchant à en savoir plus sur le net, j’étais tombée sur son site et j’y avais lu plusieurs articles. Ca m’avait appris beaucoup de choses, bien qu’à l’époque, j’étais incapable de m’appliquer ce que j’y ai lu. Je vais peut-être relire le livre et retourner sur le site. Merci de me l’avoir remis en mémoire, c’est effectivement une excellente référence selon moi. Quand je te lis, je repense à ce qui m’a amenée devant ma psy, à savoir l’impossibilité d’accéder à mes émotions. Mon « témoin éclairé » serait donc ma psy ?

Elté reblogged, mais alors, si on suit le raisonnement de ta mère, les parents ne seraient pas responsables du mal qu’ils peuvent faire à leur enfant ? Ils agiraient toujours au mieux de ce qu’ils croient bon pour leurs enfants et il n’y aurait que ça à retenir ? J’avoue que je trouve ça trop facile, même s’ils ne voulaient vraiment pas faire de mal à la base.
Oui, je doute un peu du fait qu’ils sont conscients du mal qu’ils m’ont fait. Malgré le « Ils le savent très bien » que m’a asséné ma psy. Je sais qu’ils sont conscients d’être responsables de ce qui m’est arrivé mais je ne suis pas sûre qu’ils soient convaincus que c’était si mal. En fait, je me demande vraiment si, aujourd’hui, avec tout ce qu’ils savent de l’excision, ils refuseraient de nous faire exciser.
Concernant ma mère, la question de son excision me préoccupe. Parfois je me dis que oui, évidemment qu’elle a dû être excisée. Et parfois je me demande si elle n’y a pas échappé. J’ai pensé à demander à sa sœur qui habite au nord de Paris. Mais vu qu’on n’est pas proches, je ne sais pas encore comment je vais m’y prendre. Toutefois, je ne renonce pas. Pour ma mère en tant que femme, j’espère qu’elle y a échappé. Pour ma mère en tant que ma mère, mes sentiments sont plus ambigus, je l’avoue…

Coucou Mlle Crapaud ! Effectivement, le temps ne presse plus. En tout cas plus pour moi. Les jours passants, je m’en veux de moins en moins. Après tout, j’ai fait ce que j’ai pu et tant pis pour le reste. Il faut peut-être que ça décante un peu. En tout cas, j’ai la sensation que ma relation avec mes parents a changé depuis ma lettre et qu’elle continue sa mutation. J’attends de voir où ça va me mener…

Anonyme a dit…

Tu sais Papillon, plus j'y pense et plus je suis persuadée que ma mère me sort cette morale pour tourner ma colère au ridicule!

Je viens de réaliser quelque chose de mignon en pensant à ton pseudo! Les Viêtnamiens sont pudiques, et ils ne nomment jamais les sexes d'homme et de femme par leurs noms crus. Figure-toi qu'ils appellent le sexe de l'homme "oiseau", et le sexe de la femme... "papillon"!
Et la métaphore de l'acte sexuel est une histoire de nuage et de pluie, bref c'est très aérien tout ça :-)

Anonyme a dit…

Ah non, alors, tu ne vas pas culpabiliser parce que tu as été excisée, " punie par avance", non mais, ça veut dire quoi ??!! :o)
Tes parents, responsables mais pas coupables (à leurs yeux) selon une formule qui a fait florès au moment du sang contaminé ... Ils se défossent en permanence en face de toi, et du coup, tu n'oses pas attquer bille en tête... Et même si c'est dommage, je te comprends parfaitement, je ferais sûrement comme toi à ta place. Comment attaquer quelqu'un qui présente un profil lisse, sans aspérités à quoi s'accrocher, et rebondir ?
Attends, il ne faut pas que tu sois pressée, à mon avis, quand ce sera le moment, sans que tu l'aies décidé par avance, tout sortira... et là, ça sera libérateur...
Tu ne crois pas ?
Je t'embrasse bien fort !

Pirskila a dit…

Premier commentaire ici. J'ai découvert ton blog grâce à celui de Fyfe.
Bon je suis moyennement douée parfois pour dire des trucs agréables :D . Hum... j'aime beaucoup ta façon d'écrire et de raconter ton histoire.
Je n'ai pas encore tout lu mais je pense revenir pour tout reprendre depuis le début.

(et je vais de ce pas t'ajouter à ma liste de liens)

Anonyme a dit…

Bonjour,
je pense que tu as raison d'être en colère contre tes parents, contre le fait que tu n'as pas été protégée par eux, et tout ce que tu en dit.
Par contre, je ne suis pas persuadée qu'il est nécessaire de leur dire de vive voix tous ces reproches. Il n'est pas sûr qu'ils soient capables de les entendre, pour différentes raisons, bonnes ou mauvaises, tout comme ta soeur n'arrive pas à te parler de cela, car cela réveille probablement trop de peurs en elle.
Peut-être que cela pourrait t'être utile d'écrire tout ce que tu reproches à tes parents, de leur écrire une lettre avec toute cette colère, pour que tu puisses exprimer ce qui est à l'intérieur de toi, sans que tu sois obligée de leur envoyer cette lettre, ni rien! Je te souhaite bon courage et plein de belles choses dans ta vie. En tout cas, tu as montré que tu es capable de prendre ta vie en main et de faire face à des situations difficles! Félicitations

papillon a dit…

En tout cas, de mon point de vue, ça lui permet de te nier le droit d’être en colère contre elle, Elté reblogged.
Sinon je n’en reviens pas de ce que tu me dis sur mon pseudo. C’est carrément fou, je trouve. D’autant que je l’ai choisi sur un coup de tête au moment de créer mon blog. Non, franchement, ça m’épate !:)

Je pense que tu as raison, Christine. Un jour ça sortira. En attendant, je continue de travailler dessus en thérapie pour ne pas me retrouver à ruminer et à attendre sans fin. J’y ai bien réfléchi et je me dis que j’ai fait ce que j’avais à faire en ce qui concerne mes parents. Je ne fais plus un pas pour leur soutirer une demande de pardon. Il n’aurait pas de valeur s’il venait en réponse à une action de ma part, s’il n’était pas spontané…

Bonjour et bienvenue Pirskila. Premier commentaire et effet maousse : je gazouille d’aise (ça me fait ça quand quelqu’un dit qu’il aime bien ma façon d’écrire :)) 
A bientôt, j’espère !

Bonjour à toi nab ! J’avoue que pour l’heure, j’ai mis cette idée de les regarder dans les yeux et de leur crier ma colère de côté. Effectivement, je pense que ce serait vain, qu’ils n’entendraient pas et ça pourrait bien me faire du mal. En ce moment, j’essaie de sortir ma colère, en effet. J’en parle, encore et encore, en thérapie. Je n’arrive pas à l’écrire. Comme si ça ne suffisait pas. Il faut que je la crie…