lundi 18 juin 2007

Enfin nomade!

Mon meilleur ami a souvent de très bonnes idées.

Dernièrement, il en a eu une qui m’a libérée de ma salle de bains.

Comme je vous l’avais dit, il me faut faire une toilette intime 3 à 4 fois par jour. Et rincer abondamment à chaque fois.

A la longue, j’ai fini par prendre le pli. De «chiantissime», ce rituel est passé à «un peu pénible».

Même depuis que j’ai repris le travail, je ne déroge pas aux prescriptions du docteur Foldès et je continue de prendre 4 demi-douches par jour.

En fait, je pourrais me contenter de faire 3 toilettes intimes par jour (une le matin, une en rentrant du travail et une le soir avant d’aller me coucher). Après tout, il m’a reprécisé « 3 à 4 fois par jour », à ma dernière consultation. Mais bien évidemment, mon côté « bonne élève » me pousse à en prendre 4. Dans « 3 à 4 fois par jour », moi j’entends 4 fois mais bon, si ce n’est que 3 fois, ça va quand même.

Du coup, quand j’ai recommencé à travailler, je rentrais chez moi tous les midis pour faire mon soin.

Ce qui me coinçait un peu. Impossible de faire quoi que ce soit à l’heure du déjeuner et l’aller-retour me prenait bien 1h30 (déjeuner compris).

L’autre jour, j’ai déjeuné avec mon meilleur ami et il est apparu que la contrainte venait en réalité du fait de devoir rincer abondamment. On ne peut pas rincer abondamment ses parties intimes dans des toilettes (sauf si elles sont équipées de ces nouveaux trônes de luxe venus du Japon avec options siège chauffant et fontaine de rinçage comme j’en ai déjà vues, mais ce n’est pas le cas des toilettes de mon lieu de travail).

Et bien mon meilleur ami m’a suggéré d’emporter avec moi une pissette (vous savez, ces récipients de laboratoire avec une sorte de bec recourbé dont se servent les chimistes?).

Avec ça, j’avais possibilité de rincer abondamment et en toute discrétion dans n’importe quelles toilettes.

Le soir même, au supermarché, l’idée s’est affinée : puisqu’il s’agissait de pouvoir avoir une sorte de fontaine portative, je pouvais aussi prendre une bouteille d’eau avec un bouchon « spécial sportifs » (ceux qu’on tire avec les dents pendant qu’on court et qui permettent, en pressant la bouteille, de faire sortir l’eau en jet).

J’en ai essayé plusieurs. Certaines bouteilles étaient trop dures (du coup, quand on appuie, on n’a pas de fontaine, il faut incliner la bouteille vers le bas pour avoir un ersatz de jet très en deçà de mes attentes). D’autres étaient plus souples, je pouvais appuyer plus fort ce qui générait un magnifique jet tout en tenant la bouteille à l’endroit (tête vers le haut), mais elles étaient d’une contenance trop faible à mon goût (25 cl).

Selon moi, l’idéal serait d’avoir un litre d’eau à disposition.

En attendant d’essayer la pissette de mon ami, j’ai choisi une bouteille de 50 cl et je dilue beaucoup la Bétadine, ce qui fait qu’il y a moins à rincer.

Du coup, je me balade maintenant avec mon petit sac rose contenant une petite bouteille de Bétadine rouge, un gobelet (pour le mélange Bétadine-eau), quelques compresses stériles, ma bouteille à bouchon « sport », des mouchoirs tous doux et une ou deux serviettes hygiéniques douces.

Je suis enfin libre de faire ce que je veux de mes heures de table.

Les soins, que je dois continuer jusqu’au 4 juillet au moins, sont nettement moins contraignants maintenant que je peux les faire n’importe où.

C’est l'euphorie, là!

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Coucou Papillon !
N'est-ce pas que c'est agréable à chaque fois qu'on gagne un petit coin de liberté ?

Anonyme a dit…

Je vais jouer à la "d'jeun" ... Prem's !

Anonyme a dit…

Une fontaine pour la toilette intime dans ton sac à main... ça, c'est le chic absolu de la propreté corporelle!
Très pratique, je vais te piquer le copyright pour mes prochains voyages crados :-)

Nono & Thomas a dit…

Hé hé hé !
Très bonne idée. C'est marrant, en lisant le début de ton message je songeais à te proposer cette solution également.
Tant mieux que tu sois plus libre. Ce sont ces petits rien qui changent la vie ! Si tu as d'autres soucis, ou besoin d'astuces, fais nous signe, fais moi signe. Je suis un sac à idées pour les situations caucasses !
Gros bisous !
Nono

papillon a dit…

Hello Lilou ! C’est clair que de se libérer d’une contrainte est très agréable.
Je t’avoue que moi aussi, j’adore être la première à commenter. Ca paraît n’être rien, mais ça fait toujours plaisir :)

Mais pique donc Elté reblogged, pique donc. Je la trouve lumineuse cette idée et effectivement, lorsqu’on se retrouve coincée quelque part dans la pampa sans douche à proximité, être bien équipée, c’est la classe internationale !

Un sac à idées, Nono ? J’adore ton expression. Et je te préviens que ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde.

Tellinestory a dit…

Voilà le genre de post pragmaticocasse qui fait un bien fou!

Anonyme a dit…

Coucou, je crois bien que j'ai l'honneur d'être le meilleur amis... enfin bref c'est moi qui aie eu l'idée de la pissette.

Je me lance dans un commentaire cas je lis le blog de Papillon depuis le début sans oser m'y insérer. D'une part le sujet et si grave que j'en suis intimidé et en plus, il faut bien le dire : « ça manque de mecs dans les commentaires ». Je me sentais seul.

Mais maintenant qu'on parle de moi ouvertement et que le ton deviens plus badin je me lâche.

Merci pour vos compliments les filles je suis très flatté (y'a que Nono qui m'a vexé en disant qu'elle avait eu l'idée aussi! Copieuse! Je te prends quand tu veux en duel d'idées farfelues pour situations cocasses non mais :=) !)

Mais en fait ça n'a pas été dur d'avoir cette idée puisque la liberté de Papillon et son sourire n'ont pas de prix pour moi. Elle a la gaité communicative et la mélancolie contagieuse et je préfère toujours être gai. Je suis tellement attristé de ce qu'il lui est arrivé toute petite et fier de ce qu'elle osé faire que participer un tant soit peu à sa reconstruction me rends très heureux!

Bravo pour ton réel talent d'écriture papillon et continue à être forte, fragile, courageuse et même un peu lâche... on t'aime comme ça.

fifitra a dit…

coucou papillon,

Je viens de découvrir ton blog, et c'est une sacrée découverte pour moi!
Même si je ne te connais pas, j'ai l'impression de partager avec toi quelque chose de fort (je pense que c'est pas pareil pour toutes les filles qui ont subi les mêmes atrocités car c'est le mot!!!)et j'admire ton courage de le dire car pour moi c'est la première fois que j'en parle alors que j'ai 32ans. Je ne me souviens pas de mon excision mais c'est pendant l'adolescence, qu'en j'entendais ma grand-mère en parlait que j'ai compris. Au début, ce n'était pas très grave, je n'avais pas de vie sexuelle, mais c'est après que c'est devenu compliqué. Le pire c'est que tu ne peux même pas en parler car tu te sens coupable d'un acte que tu n'a pas commis et que tu portes comme une croix. Je me suis mariée sans avoir parlé avec mon époux (je pense que tacitement, il était convenu de ne pas en parler)et après ma séparation, j'avais peur de rencontrer des hommes et de devoir leur expliquer. En ce moment, je suis avec quelqu'un qui commence à compter pour moi mais je n'ai pas le courage de le lui dire. Je ne sais comment aborder, le sujet. Une fois il m'a demandé pourquoi mon clitoris était si petit, cela m'a refroidi. Bien sûr, j'aurai pu profiter de l'occasion pour lui dire, mais ce n'est pas évident.
J'en veux tellement à mes parents de m'avoir fait subir cette monstruosité au nom de je ne sais quelle tradition.
Papillon, je te remercie énormément de m'avoir donné le courage d'en parler, j'espère que ce n'est qu'un début.

Je pense à l'histoire de la jeune fille de 15 ans et je me dis que son cas est plus grave mais elle a eu beaucoup de mérite aussi de le dire à son ami. J'ai plus du double de son âge mais je ne suis sure d'etre aussi courageuse qu'elle.
Tous les conseils seront les bienvenus.
A très bientôt j'espère.
lola

Anonyme a dit…

Bonjour Papillon,
je suis de tout coeur avec toi!
Une idée m'est venue en lisant ton histoire et j'espère qu'elle n'est pas déplacée. Voilà, il me semble que tu as suivi des thérapies. Probablement elles n'étaient pas gratuites. Je trouve que ce serait normal que ta mère prenne en charge le coût de cette thérapie et même qu'elle te paie des dommages et intérêts (pretium doloris) pour ce qu'elle a fait en toute connaissance de cause. Elle était adulte au moment où elle t'a fait exciser. C'est son unique et entière responsabilité.
Il est possible d'engager je crois des poursuites au civil par exemple en cas d'inceste mais sous toute réserve il existe un délai de prescription. Ce délai est il me semble de 10 ans après l'aggravation de l'état de la victime. Peut-être que le délai de prescription pour le civil serait de 10 ans après le début de ta thérapie.
Si ta mère était condamnée mais n'avait pas les moyens de payer, je crois qu'il existe un fonds d'indemnisation des victimes.

papillon a dit…

Coucou Anita, ça fait du bien parfois, un peu de légèreté, en effet. :) Si en plus, c’est pratique, alors là, c’est Byzance !

Youhou! Champignon! Mon sauveur qui commente! Je te l’ai déjà dit de vive voix mais j’en profite pour le redire ici : merci de ton idée lumineuse. Et aussi merci d’être là, de me lire et de me complimenter autant (ça y est, gazouillis en vue :). On ne rigole pas tout le temps ici (effectivement, le sujet s’y prête peu) mais quand l’occasion se présente, il faut en profiter!
Reviens quand tu veux, la porte t’est grande ouverte! Et il est vrai qu’un avis masculin ne serait pas superflu non plus.

Bonjour et bienvenue Lola! Tu sais, ce blog, je l’ai commencé parce que ça m’aide à réfléchir. Quelqu’un a dit : «La meilleure façon de penser, c’est d’écrire» (n’est-ce pas sur ton blog que j’ai lu ça Mlle Crapaud?). En tout cas, du courage pour se jeter à l’eau, il en faut, c’est vrai. Mais se jeter à l’eau, ce n’est pas qu’écrire des billets, c’est aussi laisser un commentaire sur un blog et s’y dévoiler un peu, comme tu le fais ici. Ma sœur a 33 ans et refuse toujours d’en parler (enfin, ça commence à bouger un peu mais à peine). L’âge n’est rien, Lola. Ce qui compte, c’est d’en parler. Pour apprivoiser l’horreur et traverser sa peine et sa colère.
En tout cas, ne t’en veux surtout pas des difficultés que tu rencontres à aborder le sujet. Moi, il m’a bien fallu 6 ans de thérapie avant d’en parler. Je te souhaite aussi que ce ne soit qu’un début et je te souhaite d’éprouver de plus en plus de facilité à t’exprimer sur la question.
Concernant la jeune fille de 15 ans, elle a été extrêmement courageuse et admirable, c’est vrai. Mais en même temps, elle était dos au mur (elle a été infibulée) et ne pouvait pas vraiment faire autrement que de dire à son amoureux ce qu’on lui avait fait ou rompre.
Moi je trouve très courageux de ne pas se taire alors qu’on le pourrait (apparemment, il y a des hommes qui ne se rendent compte de rien). Oui Lola, moi je te trouve déjà très courageuse de continuer à vivre malgré l’abomination.
Je te laisse mon adresse mail: papillonblog@gmail.com.

Bonjour Mumu! Non, ton idée n'est pas déplacée. D'ailleurs mon homme m'a aussi demandé une fois si j'attaquerais ma mère en justice. Et ma réponse fut que... je ne peux pas. Je ne sais pas encore pourquoi, même si ce n'est pas par peur. Sans doute parce que d'une part, je ne sais toujours pas si elle a participé à la décision de me faire exciser (j'ocille: un jour je me dis que oui, le lendemain, je me dis que non) et d'autre part parce que je trouve ça trop difficile. Moi ce que je veux, ce sont des excuses spontanées, pas forcément qu'elle aille en prison ou qu'on les lui arrache dans un tribunal... Et puis, bien sûr, il y a cette idée que le linge sale doit se laver en famille. Ma position actuelle est discutable, j'en conviens. Je ne veux pas décourager des jeunes femmes et filles qui voudraient obtenir réparation en passant par la justice. Mais moi, là, ben j'avoue que je ne peux pas. Quant à mes séances de thérapie, il est important que je les paie moi-même (ça fait partie du contrat thérapeutique) mais même si elle pouvait contribuer, je crois que je refuserais. Ca serait comme si on était alliées dans ma recontruction, comme si elle était de mon côté. Et pour l'heure, je refuse de lui accorder ça. En plus, je doute vraiment qu'elle le proposerais d'elle-même. Elle sait depuis des années que je suis en thérapie et elle n'a jamais voulu en parler.

Anonyme a dit…

En voilà une idée qu'elle est bonne ! Et qui ne me paraît pas réservée à celles qui relèvent d'opération !
J'ai toujours envié les hommes, pour qui c'est un jeu d'enfant de se nettoyer les parties intimes, puisqu'elles sont externes!!! Pour nous, c'était plus compliqué... jusqu'à ta découverte !
Bravo à ton meilleur ami, et à toi qui a su transformer l'essai.

Anonyme a dit…

C'est le genre de petit détails qui fait un monde de différence, pas vrai ? je suis contente pour toi. :-)

papillon a dit…

Hello et merci Claude et Anna ! Ah ça, même après toute cette affaire, je compte bien garder l’idée et la réutiliser lorsque je crapahuterai dans la nature sauvage sans point d’eau :)

lalita a dit…

J'ai éclaté de rire en lisant ce billet ! C'est une vraie bonne idée ! Toute bête pour qu'on y pense de soi-même !
Je veux bien être témoin du duel nono/champignon :-))

papillon a dit…

Lalita, je te transmets la date du duel dès qu’elle est fixée :)