Rhaaaaa ! Je savais que je ne pourrais pas y couper. Je le savais !
Mince de flûte !
Cette semaine, ma psy est revenue sur l’une des recommandations du docteur Foldès.
Il avait dit que c’était fondamental, mais bon, on a tous, dans une certaine mesure, tendance à l’exagération. Du coup, moi, sa recommandation, je l’avais enregistrée mais avec un énorme bémol. J’ai remplacé « fondamental » par « qui facilitera les choses ».
Il faut dire qu’autant il y a des indications que je peux appliquer avec zèle et concentration (mettre de la crème tous les jours sur mon clitoris, par exemple), autant celle-là, je ne peux pas. Blocage total. Donc, très sagement, je l’avais mise de côté.
Déjà, mes ébats sont plus sereins, cette horrible et pesante ombre qu’avait laissée la mutilation ayant disparu. L’amour à l’horizontale a acquis une légèreté que je n’imaginais pas possible.
Du côté physique aussi, la différence entre l’avant et l’après se sent nettement. Je n’ai plus de douleurs ou d’inconfort lors de mes parties fines qui se sont enrichies en sensations.
Bref, le sport en chambre m’est devenu largement plus agréable et je n’ai vraiment pas à me plaindre.
J’imaginais le nirvana, l’ivresse d’orgasmes multiples, le plaisir et la jouissance à tous les étages, le tout sans effort particulier. Je pensais qu’il suffirait d’attendre patiemment que mon clitoris s’invite avec enthousiasme à ces fêtes des sens.
Et bam !
« Quid de la masturbation ? » m'assène t-elle tranquillement.
Comment? Plaît-il ? La quoi ?
En pleine déroute, à deux doigts d’être choquée, j’ai retenu, in extremis, un petit gloussement stupide de gêne. Et bien, la question va être réglée très vite: je ne me masturbe pas.
Pourquoi ? Mais… mais je ne sais pas moi ! Je ne me masturbe pas, c’est tout, c’est comme ça.
Je me tortillais comme un ver de terre sur ma chaise tellement le sujet ne m’inspirait pas.
Il y a des femmes dont c’est le truc, qui trouvent ça totalement naturel, et qui sont totalement à l’aise avec la question. Et bien, je ne suis pas de celles-là, voilà.
Non Madame, je ne me « stimule » pas en solo, moi! Je me fous de passer pour une grosse "coincée du cul" comme on dit vulgairement (et on ne peut s'empêcher de remarquer l'adéquation de cette expression grossière à la situation qui nous occupe) mais je le dis tout net: je ne mange pas de ce pain-là, moi!
Alors oui, c’est bien connu que c’est le meilleur moyen de connaître son corps, de savoir ce qui nous plaît et ce qui ne nous plaît pas, tout ça, tout ça. Je le sais et je ne doute pas que ce soit vrai. Mais bon, je passe quand même volontiers mon tour.
"Il faut y aller pas à pas", m’a-t-elle dit.
Soit. Pour autant, je n'étais toujours pas emballée par la perspective de me tripoter.
Ma psy m’a alors conseillé de mettre l'onanisme de côté pour le moment (Alléluia !) et de juste explorer mon clitoris avec mes doigts, comme pendant ma cicatrisation. Pas pour vérifier s’il est encore sensible-douloureux, mais plutôt pour sentir ses réactions, ses changements de forme, de volume, selon mon état d’esprit.
Elle m’a conseillé d’oublier la dimension sexuelle, ce qui me va très bien. Elle m’a aussi dit de ne pas me forcer, d’y aller tout doucement, de temps en temps, comme ça.
Bon.
Explorer, ça me semble déjà plus facile que « masturber » (Brrrrr!). Je ne m’y suis toujours pas mise, mais ça me parait moins insurmontable.
Je ne m’étais pas rendue compte que mon opération allait impliquer que je change de sexualité. Je ne m’étais pas douté qu’il allait me falloir être plus active dans ma vie sexuelle. Pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit : devenir maîtresse de ma sexualité et quitter la passivité facile qu’impliquait ma sexualité avant l’opération.
Punaise, ça va être dur.